Le télétravail a pris d’assaut le Québec dans les derniers mois. Qui dit télétravail, dit également réorganisation d’une multitude d’aspects de notre quotidien. Pour certains, ça se passe relativement bien tandis que pour d’autres, ça peut être plus problématique. Nous nous sommes donc entretenus avec Marie-Sophie Berruex, organisatrice professionnelle, afin de nous orienter dans ce processus.
Voici un résumé de l’entretien :
Daniel : Marie-Sophie, tu te définis comme une organisatrice professionnelle, qu’est-ce que ça signifie?
Marie-Sophie : On aide les gens à s’organiser et à désencombrer leur espace pour qu’ils soient fonctionnels selon leurs besoins. On se déplace donc à leur domicile afin de leur permettre de reprendre contrôle de leur environnement, facilitant ainsi leur quotidien.
Daniel : Quels sont les avantages pour notre bien-être de mieux s’organiser et d’épurer notre environnement?
Marie-Sophie : On parle souvent de la charge mentale; conséquence de devoir penser à tout. Plus on a d’objets, plus on a de choses à gérer, ce qui ajoute une charge mentale. Quand on supprime le superflu, ça nous permet de se focaliser sur ce qui est vraiment important dans nos vies.
Le mode de vie minimaliste fait souvent peur et les gens craignent que je quitte leur domicile avec la totalité de leur possession…alors que ce n’est pas ça. C’est simplement de déterminer quels sont mes besoins dans le moment présent.
Si tu aimes faire du sport par exemple, c’est tout à fait légitime de garder de l’équipement sportif puisque ça t’apporte une valeur ajoutée dans ta vie.
Le superflu? C’est de l’énergie, du temps et de l’argent que tu consacres sur des choses qui n’ont pas de valeur pour toi et qui n’apporteront pas de sens à ta vie.
Daniel : Avec la fusion de l’espace de travail à notre domicile, comment fait-on pour s’organiser adéquatement afin de séparer les deux espaces de façon distincte?
Marie-Sophie : On vit une situation particulière avec la pandémie. On sort moins donc on est davantage confronté aux problématiques de la maisonnée.
Le premier truc, c’est de faire un bilan afin de connaître les besoins de chacun dans la maison pour ensuite adapter l’espace. Par exemple, certains auront besoin d’une pièce fermée pour leurs nombreuses rencontres, etc.
Je dois rappeler que l’espace n’est pas statique; on a tendance à vouloir figer ça alors que tout se réaménage si on y consacre un peu de temps. La chambre des maîtres n’a pas besoin d’être la plus grande chambre de la maison. Pourquoi ne pas y mettre les enfants afin de récupérer une pièce pour y installer un bureau par exemple? Il sera toujours possible de retourner à la configuration initiale une fois le télétravail terminé.
Pour les espaces restreints, j’aime beaucoup travailler avec la verticalité. Les murs regorgent d’espaces pour s’organiser, par exemple en installant des tablettes repliables.
Daniel : On a tendance à conserver des choses simplement pour le lien affectif qui y est rattaché; est-il bon de garder un coffre à souvenirs par exemple?
Marie-Sophie : Il n’y a rien de mal à conserver quelques souvenirs! La problématique, c’est lorsque tu as 25 boîtes d’albums photos/souvenirs dans le sous-sol . On se doit d’être rationnel.
Il y a 3 types d’objets qui cogitent dans nos vies :
- présent : objets que l’on utilise tout le temps et avec lesquels nous avons le moins de liens affectifs;
- passé : objets que l’on garde parce que ça nous ramène dans un moment, une émotion et il est très difficile de s’en départir parce que le lien affectif est très fort;
- futur : les objets « au cas où » qui sont reliés à une émotion d’anxiété face à un futur imprévisible afin d’être prêt à toute éventualité.
Les objets du passé et du futur nous empêchent de nous ancrer dans le présent, c’est pourquoi il est préférable d’en avoir le moins possible dans nos vies afin d’éviter la surcharge mentale.
Daniel : À quoi un espace de télétravail devrait ressembler? Quels objets devrais-je garder proche, ou éloignés, etc?
Marie-Sophie : Il faut tout d’abord évaluer le besoin. Si tu as besoin simplement d’un ordinateur, une petite table fait très bien l’affaire. Inutile que votre bureau soit une mini succursale d’un Bureau en gros; allez-y avec le strict minimum afin d’être fonctionnel!
J’aime bien appliquer une petite règle bien simple :
- Ce que tu utilises à tous les jours (un crayon par exemple), garde le à portée de main;
- Ce que tu utilises moins, garde-le à portée de bras (tu peux tendre ton bras pour aller chercher une filière sur une tablette par exemple);
- Ce que tu utilises peu, on dit que c’est à portée de jambes, donc tu peux te lever pour aller le chercher dans une autre pièce.
Daniel : As-tu des conseils en lien avec l’utilisation du cellulaire qui peut devenir envahissant dans nos vies? Comment on fait pour se libérer de l’emprise de celui-ci?
Marie-Sophie : C’est une très bonne question et c’est très difficile actuellement car c’est notre seul lien de contact avec notre entourage.
Vous connaissez l’expression « loin des yeux, loin du coeur »? Elle s’applique très bien au cellulaire donc gardez-le dans une autre pièce, enlevez les notifications et bloquez certaines applications. Sachez par contre qu’il n’y a pas de recettes magiques : vous aurez besoin de discipline pour réussir à le délaisser.
Daniel : Est-ce possible que l’étape la plus difficile soit le passage à l’action? Comment on fait pour faire le grand saut?
Marie-Sophie : Oui, tout à fait! Il faut arrêter de toujours vouloir trouver la solution parfaite car elle n’existe pas. Il y a beaucoup d’essais-erreurs également donc on peut toujours réévaluer et se réajuster.
C’est un processus (parfois très long) : un changement à la fois, un tiroir à la fois. Petit à petit, tu vas apprendre à désencombrer et à t’organiser et tu ressentiras beaucoup de bien-être durant le processus. C’est comme le sport : tu ne commences pas en soulevant les charges les plus lourdes dès la première journée que tu mets les pieds dans un gym…tu progresses.
Commencer par telle ou telle chose n’a pas d’importance ; l’important, c’est de commencer.
Daniel : Est-ce que tu offres tes services de consultations ? Comment ça fonctionne ?
Marie-Sophie : Je suis encore autorisée à me déplacer chez les gens mais j’offre aussi les consultations en Visio conférences. J’ai une foule d’outils intéressants également sur mon site web marieso.ca .
Je travaille actuellement, avec divers intervenants, sur un programme d’un an, Ma maison, mon repère, afin d’accompagner les gens dans leur processus de désencombrement et de réorganisation en leur proposant une thématique différente par mois.