Marathon Rimouski 2011

Article mis à jour le 10 avril 2020

Peut-être que vous l’avez remarqué, mais je ne parle pas souvent de mes entraînements, ni de mes compétitions, car ce n’est pas l’objectif de ce blogue.

Par contre, aujourd’hui, je me permet une petite entrave à la règle pour vous parler de ma première victoire sur marathon à vie. C’est mon accomplissement sportif le plus grand et mon moment sportif le plus «sweet» à vie.

Avant de vous amener de km en km dans mes souliers, je voudrais remercier les organisateurs du marathon de Rimouski, qui organisent un super marathon, avec du poulet comme lunch d’après-course. Merci aussi aux 6 gars avec qui j’ai couru la première moitié du parcours, il me semble qu’on a bien travaillé!

Finalement, merci à tous ceux qui m’endurent quand j’arrive fatigué après mes longs entraînement!

Km 0: Il fait froid. Pas le temps de m’échauffer, de toute façon, je ne m’échauffe jamais pour un marathon, 42 km, c’est long en masse. Je me sens un peu lourd en partant. Est-ce que j’ai pris du poids? Les questions traversent ma tête et je doute. Est-ce que j’ai assez couru la dernière semaine avant le marathon? Est-ce que j’ai trop mangé ce matin? Est-ce que j’aurais dû faire un échauffement écourté? Ces questions resteront sans réponses, mais toujours est-il que c’est stressant, attendre le départ d’un événement pour lequel on se prépare depuis plusieurs mois.

Km 1 à 10: Je pars sur un rythme d’environ 4 minutes par km, ce que je considère légèrement lent, car je m’étais préparé pour courir environ  2 heures 40 (3’47/km). Je vois alors qu’on sera un petit groupe à cette vitesse ( 6 coureurs). Je rejoins Lee-Manuel Gagnon, un coureur que je connais et qui est environ de ma force. Tous les 6, on se dit qu’on ne va pas suivre Sébastien Roulier, qui part comme une flèche dès les premiers kilomètres.

Après environ 5km, on ne le voit presque plus déjà. Je me dis alors « même si j’essaie d’aller le chercher maintenant, je vais me brûler pour rien et exploser plus tard ». En effet, il y a un bon vent de face et courir seul dans ce vent, ce serait trop pour moi.

J’utilise donc la technique du fin renard et je reste avec les autres pour économiser de l’énergie. J’essaie de faire ma part du boulot pour couper le vent, mais il me semble que lorsque j’arrive devant, tout le monde accélère. Je passe donc le premier 10km en 39:40 et englouti un gel.

Km 10 à 21km: Tout va bien, on jase un peu jusqu’au 18e kilomètre environ. On dirait que tout le monde pense à sa stratégie pour la deuxième demi. Comme le marathon est un aller-retour, on croise Sébastien dans le 20e km et on estime son avance à environ 3 minutes. Il va falloir tout donner en 2e moitié. Je prend un gel au km 21 et le digère très bien.

Km 21 à 32: C’est là que ça part. En tournant le coin, moi, Lee-Manuel et David Durocher décollons à environ 3’45 » au km. C’est selon moi la vitesse nécessaire pour aller chercher Sébastien. J’ai très bien digéré mon dernier gel et me félicite d’avoir pratiqué cela dans mes entraînements longs. Ça fait toute la différence, car je ne me sens pas encore en baisse d’énergie, je me sens encore frais et dispo, prêt à tout donner pour aller chercher «Team Roulier».

Petit aparté : Sébastien Roulier a couru l’an passé le marathon de Rimouski en poussant une poussette. L’an passé, en finissant 3e, je me suis dit: «Je ne perd plus jamais contre quelqu’un qui pousse une poussette».

En voyant les split qui passent à partir de 21km, je me dis « ça va faire mal, mais c’est nécessaire pour atteindre mon objectif».

De 21 à 32, les km s’enchaînent: 3:52, 3:43, 3:47, 3:50, 3:45, 3:40, 3:41, 3:44, 3:45, 3:46, etc.

Vers le 25e km, Lee décroche, souffrant d’ampoules au pied. David me demande alors « peux tu garder ce pace jusqu’à la fin? on va aller le chercher … » je répond: oui, confiant de pouvoir garder le pace, mais incertain du résultat que ça amènera.

km 32 à 40: c’est à 32 km que mes 2 premiers marathons se sont corsés. En effet, à Rimouski, à mon premier marathon, mon pace a ralenti d’environ 15-20 secondes au km. À Ottawa, en mai, j’ai dû arrêter complètement, avant de repartir en trottinant.

Cette fois-ci, rien, sauf que je me dis que je devrais manger un gel pendant que je n’ai pas encore envie de vomir, mais je n’en ai plus. Je garde donc le pace comme je peux. À partir de 35km, ça se corse, je sens que, tranquillement, le mur s’en vient, même si je passe le km en 3:45… Mon frère est là et me donne un gel, je mange ce que je peux et je continue à la poursuite de la première position, qui n’est plus qu’à environ 100m…

Par contre, David décroche à ce point là et je me dis que je suis seul maintenant à la poursuite. C’est à ce moment que je sors mes derniers atouts. La semaine dernière, un de mes mentors de course à pied, François Marchand, m’avait dit ses trucs pour passer au travers des moments difficiles. «Invincible» est le mot que j’ai choisi pour mon moment difficile. Invincible face à ce mur que je sens m’arriver dans les jambes. Au km 38, j’arrive à environ 20m de Sébastien, il me voit et accélère le pace. Dans les 2 prochains km, j’arrive à reprendre ces 20m, seconde par seconde, pas par pas.

km 40 à 42: Je suis premier, mais aucunement confiant. C’est la première fois de ma vie que je suis le chassé et non le chasseur. Je regarde souvent derrière moi pour voir si je ne me fais pas rattraper. Je vois que je me gruge une petite avance et je me dis qu’il ne faut pas lâcher. Je passe le km 40 en 3:52, c’est bon signe. Mes jambes me font mal, mais je vois l’arrivée. Voir l’arrivée est tellement encourageant, je sais que mes souffrances vont finir bientôt. Je sais que je n’aurai pas de crampes. Je sais que le mur ne m’aura pas. À environ 200m de l’arrivée, quelqu’un me dit «enjoy»! Je regarde derrière moi, personne. Je me laisse aller. Ma famille est là, même mon grand-père est là pour me voir arriver, j’ai les larmes aux yeux.

Je savoure au maximum les derniers instants et passe la ligne d’arrivée, accueilli par Clément Pelletier, passionné de course à pied et organisateur du marathon. Je parle un peu aux journalistes. Mes propos sont un peu bizarre je crois, je n’ai pas l’esprit à cela!

Je suis fier et heureux. J’ai fait de mon mieux et ça a marché!

En repensant à tout cela, je me dis que j’ai seulement fait cela: mon mieux. Mais je crois que tout ceux qui ont participé à une course dans leur vie font cela: donner le meilleur d’eux-même. Et c’est cela, plus que les résultats, que j’aime de la course à pied. C’est une boucle qui tourne et un jour, ça revient.

Ps. Bravo à mon père, pour son PB en 3h17, il continue à améliorer ses temps, même passé la cinquantaine, une inspiration!

Bravo à ma copine, Sophie Puppe, qui a parcouru le 10km en 57 minutes, pas mal pour une Allemande sans entraînement 🙂

Bon, c’est quétaine, mais merci à ma mère, gérante de l’équipe de course Riou et qui nous conduit quand on est trop fatigué et qui nous encourage! Et à Félix mon frère qui m’a donné les gels 🙂

Et merci aussi à mes partners d’entraînement au CCPUL, notamment Jean-Pierre, Jean-Philippe, Gérard, François et Terry et surtout Johann qui me tire jour après jour dans tous les trainings! Merci aussi à notre coach, Richard Chouinard !

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Daniel Riou Directeur général
Directeur général du Groupe Défis, fondateur du Défi Entreprises et co-fondateur d'Altterre. J'adore tout ce qui touche l'activité physique et la santé globale. Détenteur d'un baccalauréat en Kinésiologie de l'Université Laval Diverses formations par La Clinique du Coureur Programme Émergence de l'École d'Entrepreneurship de Beauce Programme National de certification des entraîneurs Niveau 2 en badminton Programme National de certification des entraîneurs Niveau 1 en haltérophilie

4 réflexions au sujet de “Marathon Rimouski 2011”

  1. Bravo Daniel ! Tu devrais parler plus de tes entrainements et de tes courses. Tu es trop humble mais c’est la marque des grands coureurs. Maintenant que je vois les photos, je sais que t’ai vu durant le marathon. Et après le marathon, comme j’ai terminé en 4:20:33 ( je n’ai pas ton talent et celui de ton père qui lui est dans la cinquantaine comme moi ) et que j’ai pris ma douche à l’Auberge des Gouverneurs, je suis arrivé à 13:50 à la remise des médailles. On avait déjà présenté les gagnants de la course ( zut !). Sois certain que je serais allé te serrer la main. J’en aurai sûrement l’occasion un jour.

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  2. Bravo!! Y’a rien de prétentieux à raconter sa course. Au contraire, je crois que c’est très intéressant pour l’ensemble des gens qui comme moi débute la course à pied. C’est encourageant et motivant. Je crois qu’il faut plus de ces histoires au Québec, surtout avec l’augmentation de l’engoûment pour ce sport dans les dernières années. J’ai manqué le XC de la Vallée organisé par des amis cet année. Félicitations également pour cette course. J’ai bien aimé le récit de JP Leclerc dans son blogue et je meurs d’envie d’y être l’an prochain.

    Je raconte mon premier marathon dans mon blogue, car il faut partager ces émotions et anectodes qui animent la course. Peut-être à l’an prochain au Trans Vallée. Je rêve qu’un jour, moi aussi je serai dans la catégorie des « intermédiaires » haha!! Bonnes courses.

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