Quand santé, famille, amour et course à pied s’en mêlent et font bon ménage…
J’ai passé près de trois heures avec Denis Morneau (chanceuse que je suis !) car j’avais «ouïe dire» de son parcours exceptionnel. Je voulais en savoir davantage, et surtout, je trouvais cela pertinent de vous le faire partager…
Pourquoi ?
Parce que Denis pratique la course à pied ?
Oui, mais pas uniquement cela.
Parce qu’il a réalisé un marathon en 3h (et quelques «insignifiantes» secondes…) ?
Oui, mais pas seulement cela non plus.
Parce qu’il est hautement sympathique et toujours prêt à aider son prochain ?
Oui… …et alors ??!?
Parce qu’il est un «super héros» ?
Non, il ne l’est pas (hormis aux yeux de ses enfants).
Alors pourquoi ?
Tout simplement parce qu’un matin, Denis s’est mis à nu. Il a osé sortir la tête du sable, se poser les vraies questions et surtout, se donner les vraies réponses. Celles qui sont souvent pénibles à entendre et à… encaisser.
Difficile d’écrire un «pseudo» article relié à la course à pied sur l’homme qu’est Denis (je ne suis pas journaliste, vous l’aurez compris, je ne suis qu’une de ses humbles fans !), car après ces trois heures de rendez-vous, un seul mot me venait à l’esprit, le même, inlassablement : amour !
Pas les mots «courir», ni le mot «compétition» ou encore moins le «dépassement de soi». C’est beaucoup plus fort, beaucoup plus intense, beaucoup plus pur.
Oui ! amour !
C’est par amour de la vie, mais surtout par amour des siens que Denis a décidé de changer de vie même si dans ce genre de combat, la personne la plus importante doit être vous d’abord !
Denis ne s’est jamais vraiment négligé mais c’est dans l’amour de ses proches qu’il a tout puisé : sa force, sa motivation et sa persévérance.
Et il continue à se servir inlassablement…
Tout commence (ou tout bascule ?) en 1998 alors que notre homme est un sportif régulier et passionné de hockey comme presque tout Québécois qui se respecte (étant Française, c’est le constat que j’ai fait: le hockey est une religion au Québec ! that’s it, that’all).
Denis se blesse –non pas gravement-, mais ce genre de blessure qui vous amène aux doutes, et tranquillement aux renonciations, à l’abandon, puis à l’oubli.
Toutes les excuses deviennent alors bonnes pour moins combattre, et elles deviennent alors les plus fondées de la galaxie entière (au moins ça !).
Alors paisiblement, Denis s’est laissé aller, pour devenir un peu plus léger et moins rigoureux avec lui-même, tout en laissant de côté pour «quelques temps» ces valeurs qui lui avaient forgé sa personnalité et sa ligne de conduite.
Une (très !) mauvaise hygiène de vie est devenue maîtresse de sa vie, et la «malbouffe» s’est invitée à part entière dans son quotidien comme zone de réconfort voire même, son amie intime.
La suite, je vous laisse l’imaginer…
On ne devient pas obèse du jour au lendemain : l’obésité et tous ses acolytes sont traîtres, fourbes et sournois.
Tranquillement pas vite, Denis a pris… 120 livres.
Il n’était pas malheureux, non, et ne réalisait pas vraiment à quel point son corps lui jouait des tours, entrainant dans cette spirale morbide, sa santé et son avenir.
Autour de lui, aucun jugement.
Juste des inquiétudes, des non-dits fondés sur la peur de blesser ou d’être maladroit.
Toute vérité est-elle bonne à dire ?
Certes, il n’avait pas le physique du mari et du «papa idéal» (comme sur les couvertures des magazines…), mais il faisait son job de chef de famille, il le faisait sacrément bien !
Amoureux fou et excellent père de famille, travailleur ne comptant pas ses heures, Denis aurait pu continuer ainsi son petit bonhomme de chemin encore un bon bout, jusqu’à ce que l’obésité morbide ne l’empreigne encore plus…
Certaines addictions n’ont aucune limite et aucune pitié.
Mais en ce jour «salvateur» du 17 novembre 2012 (date loin d’être anodine car il s’agit des 40 ans de sa conjointe Emmanuelle qui est une femme exceptionnelle-je suis née le même jour que sa blonde 😮 ), ….bref ce jour-là, c’est « the » ! prise de conscience.
La baffe ! Une raclée !! L’autruche sort de son trou et ose ouvrir ses yeux. Les deux !!
Quelques photos de famille prises ce jour-là pour l’occasion font l’effet d’un électrochoc.
Malgré les sourires, les vêtements apprêtés, le cadre idéal et l’harmonie familiale, il y a quelque chose qui «cloche», quelque chose de pas «clair».
Mais qui est cet homme avec Emmanuelle et les enfants ? Qui est ce mystificateur ?
Le choc est rude.
Mais…, si plusieurs d’entre nous replongeraient la tête, ou attendraient le 1er janvier de l’an 2027 pour entreprendre quelque chose, Denis décide alors de dire « STOP !» ( …in the name of love, before I break my heart).
« Je ne veux pas ça pour moi, je ne veux pas ça pour ma famille, je ne veux pas véhiculer cette image perfide. Ce n’est pas moi ! ».
De par le hockey que Denis avait pratiqué quelques années auparavant, son corps et ses muscles avaient emmagasiné et conservé quelques souvenirs, et en plus de cela, Denis avait une génétique assez préparée à l’exercice physique, il en convient.
Alors, se sentant curieux et attiré par ce sport et aussi par l’idée de tester son corps, Denis décide de se mettre à la course à pied.
Il est conscient que c’est «à la vie à la mort» et que le jeu en vaut la chandelle.
Et il va aimer ça. En maudit.
S’il paye le prix, qu’il respecte son engagement, son « Stop ! », il arrivera à atteindre son objectif = perdre du poids, retrouver la santé, mais le plus important, donner une image saine, forte et volontaire à ses enfants, sa source d’inspiration.
Le processus « mode Super-Héros » est alors enclenché.
18 novembre 2012, prise de conscience.
Viennent ensuite les «comment ?», «avec qui ?», «pourquoi et pour quoi ?», «pour qui ?» ….
Car si c’était facile, ça se saurait !
Le 13 janvier 2013, Denis court son premier kilomètre «non-stop».
Ça veut dire quoi pour toi, un kilomètre, toi qui cours des ultras, ou même «juste un demi»… ?
C’est peut-être un détail pour vous, mais pour Denis ça veut dire beaucoup !…
Ce jour-là, la fierté est sans pareil ! Ce sera sa plus belle victoire sportive à vie.
Il téléphone à Emmanuelle pour lui raconter sa victoire, et il pleure.
Il me raconte cet épisode magique, et il pleure…
Je me mords la lèvre, j’ai les yeux humides mais je tiens bon.
A présent, notre ami Denis sait que la course à pied sera son exutoire, sa motivation, sa maîtresse ô combien exigeante à laquelle il restera fidèle. Juste pour que les siens soient fiers de lui.
Denis va se mettre la barre haute, très haute. Trop haute ? Il se laisse cependant le droit à l’échec, car c’est juste la façon avec laquelle se relever qui l’importe.
Un kilomètre mi-janvier 2013 ? Il fera un marathon. Dans six mois.
Je peux vous assurer que n’importe quel entraîneur chevronné (ou pas) refusera d’entraîner et de cautionner une telle folie.
Si un coach vous promet de vous aider à atteindre cet objectif en si peu de temps, et que de surcroît vous avez des surcharges pondérales, changez d’entraîneur ! Il n’est pas fiable et est autant entraîneur que je suis danseuse étoile de ballet russe.
C’est d’ailleurs pour cela que Denis …n’a pas pris d’entraîneur … et c’est également pour cela qu’aujourd’hui, avec cette si grande humilité qui le caractérise, il ne conseillera jamais sa démarche à autrui, et n’en verra aucune gratification.
Mais à l’époque, il se sent équipé «cérébralement», entouré comme personne avec sa tribu qui le soutien à bras-le-corps, et il s’offre le matériel qu’il faut pour atteindre son but.
Le 1er juin 2013 (hier en somme…), Denis est sur la ligne de départ du marathon de la Baie-des-Chaleurs. Il a perdu du poids, et est allé plus loin que son premier kilomètre cinq mois auparavant.
Il va réaliser les 42,195 km en 4h26’, un temps plus qu’honorable, on s’entend !
Denis a perdu plus de cent livres et il va en perdre encore.
Et s’entraîner. Encore. Et ne pas lâcher. Jamais
Le jeu en vaut la chandelle, et il ne brûlera pas cette chandelle par les deux bouts.
Dans cette folie, tout est sous contrôle, ou presque.
Pas de secret et encore moins de «recette miracle».
Aucun médecin, aucun médicament, et encore moins de nutritionniste, régime ou aide psychologique.
Denis est motivé, tenace, persévérant.
Il a décidé, il s’est fait une nouvelle ligne de conduite, et rien ni personne ne pourra le dévier de son fleuve moyennement tranquille.
Un tatouage s’invite sur sa peau. Discret, comme sa personnalité.
Parce que la photo de ses enfants, c’est trop gros sur la peau puis ça fait mal.
Il délaisse la malbouffe et fait «copain-copain» avec certains aliments oubliés, voir inconnus (on ne parle pas du moyen-âge là !).
Oui, la course à pied demande beaucoup quand on a le désir de progresser voire de performer, et il est évident qu’il faut faire des sacrifices dans sa vie de tous les jours et retrouver (ou trouver….) une hygiène de vie saine et équilibrée.
Denis n’étant pas un «obsédé» du pèse-personne, et n’ayant pas de d’objectif de poids précis, ce sont ses foulées qui vont le conduire aux résultats. Et sa rage.
Et sa tribu.
En 2013 Denis n’aura aucun écart de conduite.
Non pas par sévérité envers lui-même, mais uniquement par pugnacité et sa motivation sans faille.
Il veut que ses enfants soit fiers de lui. Il veut leur inculquer ses valeurs, une bonne hygiène de vie, sa force.
Et la vie n’est pas un long fleuve tranquille.
Il faut se battre. Certains plus que d’autres.
Ainsi va la vie.
En 2014, il ne flanchera en rien et sera totalement en contrôle avec lui-même.
Contrôle…. Zen-attitude… Bien dans ses «baskets».
Super-héros ou… … martien ?
Si à son premier marathon, Denis se sentait comme un intrus sur la ligne de départ (il ne se sentait pas à sa place parmi tous ces grands sportifs bien habillés et «ultra-entrainés»), la donne sera différente en 2015 !
A présent la course à pied n’est plus une addiction (l’a-t-elle seulement été ?), c’est un mode de vie, une religion.
Elle a autant de sens que de dormir, manger, travailler…
Et Denis adore désormais performer : c’est un plaisir immense et une liberté salvatrice que de chausser ses espadrilles matin, midi ou soir, parfois les trois.
Certains y verront de la folie.
Le xxxxx2014, Denis réitère son marathon à Sept-Îles.
3h22’.
Non ce n’est pas une erreur de frappe, vous avez bien lu.
Ça peut paraitre futile de parler de ses enfants qui vous accueillent 300 mètres avant l’arrivée qui finissent l’arrivée avec vous en hurlant «papa tu es 3ème !»…
Je ne sais pas pour vous mais moi, ça me met «les poils» au «garde à vous».
Ensuite, Denis s’inscrira dans le célèbre groupe Facebook «courir avec les amis Facebook» (CAAF) et le loup solitaire rencontrera d’autres crinqués comme lui, prêts à l’encourager dans sa folie.
Marathon de Montréal : date et temps
Marathon de Rimouski «tranquille pour récupérer de celui de Montréal» : 5 octobre 2014, 3h00’52’’
Octobre 2014 : relais de la tribu, soit parcourir 250 km en équipe de 5 en moins de 24h, soit 10 x5 km par coureur.
Malade !
A ce moment j’ai eu envie d’autopsier Denis pour contrôler s’il était vraiment humain.
Je ne l’ai pas fait mais j’ai vraiment eu des doutes… (j’en ai encore).
Pour 2015 Denis Morneau se lance le pari de passer sous la barre des 3h.
2h55, «c’est correct» qu’il dit…
Ben voyons… !
Le pire c’est que cette personne est d’une simplicité déconcertante, alors que plusieurs auraient, à sa place, un égo surdimensionné.
Je me suis dis que le grand secret, c’était certainement ça : la simplicité et l’humilité.
Le courage aussi.
Sinon ça ne marche pas… cela ne peut pas fonctionner.
Et hormis le fait d’accepter de me (nous) dévoiler sa «tranche de vie», jamais Denis ne conseillera à qui que ce soit de «suivre» son processus, car il sait que la chance a été là, aussi.
Mais surtout le soutien inébranlable de Guillaume, Pénélope et Emmanuelle.
Sa victoire, c’est son secret de famille !
Karine Couty
… à suivre : « Success stories » 2…