Entrevue avec Charles-Philibert Thiboutot, le meilleur coureur au Québec

Q : Tout d’abord, bravo pour ta saison 2015! Maintenant que la poussière est un peu retombée, comment te sens-tu par rapport à cette saison?

R : Merci! Tellement de choses se sont passées en si peu de temps, il aura fallu quelques semaines de repos pour laisser la poussière tomber. Je suis très content de ma saison et je ne sens pas que j’ai atteint mon plein potentiel. Cet été m’a vraiment confirmé que je voulais courir professionnellement dans les prochaines années et aller au bout de mon potentiel.Charles PT

Q : Peux-tu nous parler de ton entraînement depuis la fin de la saison 2015? J’imagine que tu as pris quelques semaines de repos?

R : Oui, pour la première fois j’ai pris près de 1 mois de repos, alors qu’habituellement, je ne prenais que quelques jours. Ça a vraiment fait du bien au corps qui a été sous la corde raide pendant plusieurs années! J’ai repris l’entraînement, j’augmente mon volume et je fais présentement surtout du travail en endurance.

Q : Si j’ai bien suivi ton histoire, tu cours maintenant à temps plein. Peux-tu nous expliquer un peu de quoi a l’air une semaine pour un coureur professionnel comme toi?

R : Je cours tous les jours, 5 ou 6 fois par semaine 2 fois par jour. Dans ma semaine, je vais avoir 3 entraînements à intensité plus élevée ainsi que 2 séances de musculation. Le reste du temps est dédié à la récupération : bien manger, faire des activités à faible demande énergétique, physiothérapie, massothérapie, stretching, stabilisation, etc. La récupération est tout aussi importante que l’entraînement si je veux me donner à 100 % chaque fois que je vais courir.

Q : Peux-tu nous décrire un peu ton entraînement dans l’ouest? Trouves-tu que c’est plus facile de te concentrer sur ton entraînement? Est-ce plus difficile pour toi de suivre les plans de ton entraîneur? T’entraînes-tu avec un groupe?

R : Les conditions ici sont idéales, peu de vent et juste assez frais pour être confortable. Il y a également à Vancouver un système de sentier absolument incroyable; je peux courir une vingtaine de kilomètres d’un coup sans toucher 1 fois à de l’asphalte. La surface molle des sentiers va me permettre de limiter les blessures d’usure à long terme liées à l’entraînement intense.

Je vais suivre les plans de mon entraîneur Félix-Antoine Lapointe à distance. Ici il y a un groupe d’élite local, le «BC endurance project», avec lequel je vais être en mesure de m’entraîner la plupart du temps. Quand Félix-Antoine et moi allons voir que ce que j’ai de prévu peut bien se mélanger avec ce que le groupe local fait, je vais m’arranger pour embarquer avec eux.

C’est vraiment facile de me concentrer sur l’entraînement ici avec les conditions d’entraînement idéales ainsi que l’environnement très «d’élite». Tous mes amis à Vancouver sont des coureurs de haut niveau comme moi, ce qui fait que c’est facile de se faire un horaire hebdomadaire spécifique à l’entraînement à temps plein, sans pour autant avoir des distractions extérieures.

Q : Maintenant que tu as atteint le standard canadien, quelles sont les étapes qu’il te reste à franchir pour participer aux olympiques en 2016?

R : Ma préparation annuelle sera orientée à 100 % pour atteindre mon sommet de performance aux olympiques, et non pour la dernière phase de qualification en mai-juin, ce qui est vraiment un grand soulagement. Je serai dans une phase importante de travail en endurance jusqu’en janvier, pour ensuite me préparer pour la saison intérieure où je vais courir 3000 m et 1500 m. En mars, je vais retourner en altitude à Flagstaff, en Arizona, pour entamer ma préparation finale pour les olympiques au 1500 m, avec probablement un 5000m sur piste en avril pour tester la forme. Je vais probablement courir quelques courses en Europe en mai et juin pour tester ma forme sur 1500 m. Ensuite, les étapes restantes seront de bien courir au championnat canadien à Edmonton, puis, enfin, nous serons à quelques semaines des Olympiques!

Q : J’imagine que Rio 2016 est ton objectif majeur à court terme. À long terme, que souhaiterais-tu accomplir?

R : J’aimerais pouvoir courir au plus haut niveau avec en tête de retourner aux Olympiques de 2020 à Tokyo sur 1500 m. Entre temps, il y aura donc les Jeux du Commonwealth, 2 championnats du monde et beaucoup de courses sur le circuit professionnel que je voudrais faire. J’aimerais me rapprocher le plus possible du record canadien sur 1500 m (3 : 31 par Kevin Sullivan). Après ma carrière sur 1500 m, j’aimerais m’attaquer aux records du Québec sur des distances plus longues, notamment sur 5000 m (13 : 22) et 10 000 m (28 : 42).

Enfin, pour la vie après le sport, j’aimerais m’impliquer dans le monde du sport soit au sein d’une compagnie, soit à travers le journalisme et les relations publiques, ou dans la politique. Je me garde beaucoup de portes ouvertes.

Q : Je trouve que le 1500 m est probablement la course la plus excitante à regarder. C’est stratégique comme course, mais en même temps, c’est très concentré, car ça ne dure que quelques minutes. Pourquoi as-tu choisi cette distance et pourquoi penses-tu que les distances plus longues sont présentement plus populaires auprès de la population en général?

Je crois que la réponse est simple : le 1500 m est une discipline d’athlétisme très intense. On ne «joggera» pas un 1500m et au même titre que personne ne joggerait un 100m ou 200 m en compétition, pour le plaisir. Sans l’intensité extrême que l’on impose au corps, la distance de 1500 m n’est pas un défi en soi à courir. Les distances plus longues, peu importe la vitesse à laquelle elles sont parcourues, peuvent représenter un défi de taille pour la population en général. Par conséquent, elles sont plus populaires. Est-ce que la population en général, qui court des 10 km, 21 km ou 42 km, aurait plus de plaisir à regarder un 10000m ou un marathon à la télévision comparé à un 1500m? Pas certain. 😉

L’entraînement en demi-fond est très large et pour être le meilleur possible, il faut essayer des entraînements de toutes les filières énergétiques (lactique, vitesse, endurance, résistance). C’est vraiment à l’entraînement qu’on a pu voir à travers les années que mon corps travaillait optimalement dans des filières énergétiques reliées au 1500 m.

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Daniel Riou Directeur général
Directeur général du Groupe Défis, fondateur du Défi Entreprises et co-fondateur d'Altterre. J'adore tout ce qui touche l'activité physique et la santé globale. Détenteur d'un baccalauréat en Kinésiologie de l'Université Laval Diverses formations par La Clinique du Coureur Programme Émergence de l'École d'Entrepreneurship de Beauce Programme National de certification des entraîneurs Niveau 2 en badminton Programme National de certification des entraîneurs Niveau 1 en haltérophilie

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