Analyser la technique de course est une des choses les plus difficiles à faire. Plusieurs facteurs sont interreliés et il est très difficile de les isoler afin de les mesurer.
Dans mon article de la semaine dernière, je disais qu’il faut éviter de se »forcer » à avoir une attaque avant-pied. Plusieurs ont proposé cette approche lorsqu’ils ont »découvert » que les coureurs les plus rapides ont plus souvent une attaque avant-pied que ceux qui ferment les pelotons.
On peut donc se poser la question : est-ce que l’attaque avant-pied les rend plus rapides ou est-ce qu’ils ont une attaque avant-pied parce qu’ils courent rapidement?
Une étude de 2014 amène un peu de lumière sur le sujet.
Dans l’étude, il y avait 55 sujets: des coureurs d’expérience ( 8 ans de course en moyenne) et qui courent en moyenne 36 kilomètres par semaine. Ils portaient des chaussures assez coussinnées. Les résultats auraient probablement été différents avec des chaussures moins coussinnées.
Ils ont évalué la technique de course des coureurs à différentes vitesses, soit :
- 10,8 km/h
- 14,4 km/h
- 18,1 km/h
- 21,6 km/h
Quels fûrent les résultats ? Voici un bref résumé :
- 46 % des coureurs avaient une attaque talon à toutes les vitesses
- 6 % des coureurs avaient une attaque mi-pied à toutes les vitesses
- 24 % sont passés d’une attaque talon à une attaque mi-pied
- 5 % sont passés d’une attaque talon à une attaque avant-pied
- 9 % sont passés d’une attaque mi-pied à une attaque avant-pied
- 7 % sont passés d’une attaque talon à une attaque mi-pied, puis à une attaque avant-pied
Donc, en gros, environ la moitié des coureurs modifient la pose de leur pied au sol lorsqu’ils passent de 10 km/h à 21 km/h.
Qu’est-ce qu’on peut en tirer comme conclusion? Cette étude semble nous montrer que la vitesse influence la pose du pied au sol. Plus on court vite, plus la pose du pied se fait sur l’avant du pied. Certaines personnes conservent une attaque talon à toutes les vitesse, mais en général, elle est moins prononcée à vitesse plus élevée.
Donc, comme mentionné la semaine dernière, il n’est pas nécessaire de se concentrer sur la pose du pied au sol, car elle dépend en grande partie d’autres facteurs, comme la vitesse, les chaussures que vous portez et votre expérience en course à pied. La pose du pied au sol est le résultat d’autres facteurs sur lesquels vous avez de l’influence.
L’observation ne nous apprends pas grand chose en soit, mais vient sensiblement supporter la théorie que je soutiens depuis longtemps que le patron de course le plus efficace varie avec la vitesse. Ce qui devrait suivre pour être réellement intéressant serait une courbe de l’augmentation relative de la consommation d’oxygène avec la vitesse pour chacun des groupes.
Peux-tu détailler ce que tu entends par patron de course ?
J’entends tous les éléments qui définissent le mouvement: pose du pied au sol (attaque, position vs centre de masse, etc), amplitude du mouvement et position de chaque composante lors du cycle, rythme, etc.
Mon expérience personnelle m’amène a penser que la pose du pied dépend principalement de la posture. Position de la tête, des épaules, des bras et du bassin. Se forcer à poser son pied d’une manière en contradiction avec sa posture génère des tensions dans le corps. Souvent aux mollets pour ceux qui se lancent dans le minimalisme. Ils appellent ça l’a période de transition… Il faudrait voir si pour le groupe de coureurs concernés la vitesse influence leur posture.
La posture est un bon point mais je mettrais l’emphase sur la foulé.
Il est assez facile de comprendre que si la foulé est trop longue, il sera très inconfortable voir impossible d’utiliser la technique avant pied.