[Depuis longtemps, nous avons envie d’aborder certaines particularités reliées à la course chez les femmes. Il nous fait donc plaisir de collaborer pour cet article avec Sarah Baribeau, Kinésiologue-kinésithérapeute spécialisée en périnatalité et propriétaire de Bougeotte et Placotine.]
La grossesse pour le corps et le quotidien d’une femme, et particulièrement d’une femme athlète, sportive ou active, est quelque chose à apprivoiser.
Porter un enfant, lui offrir une maison douillette et chaleureuse et avoir la capacité de le mettre au monde est une chance inouïe, mais ouf, quel marathon !
Cette expérience physiologique et haute en émotions vient tout de même avec un lot de conséquences physiques pour le corps de la nouvelle maman, sportive ou non. Plusieurs se demanderont si la grossesse et la course à pied font bon ménage.
Voilà une question que vous êtes nombreuses à vous poser :«puis-je courir enceinte ?»
Plusieurs points sont à considérer si vous souhaitez continuer à courir durant votre grossesse.
- Tout d’abord, si vous n’avez jamais couru sur une base quotidienne, il n’est pas souhaitable de commencer à le faire pendant la grossesse. Il vaut mieux opter pour une activité comme la marche, la natation ou, pourquoi pas, le yoga ou la marche en montagne.
- Ensuite, il est important d’être toujours à l’écoute de vos sensations. Même si la course faisait partie de votre quotidien avant la grossesse, il se peut qu’à cause du ventre qui grossit et du cocktail d’hormones dû à la grossesse, vous ressentiez des inconforts lors de vos sorties. Souvent, ils se situent dans le bas du ventre, aux aines ou dans le bas du dos. Diminuez la vitesse, intégrer de la marche rapide ou encore une fois, essayez un nouveau sport.
- Bien entendu, plus les semaines de votre grossesse avancent, plus le ventre grossit, chacune de vos foulées deviendra un défi pour les muscles du plancher pelvien. Ainsi, si vous souhaitez continuer à courir durant votre grossesse, assurez-vous de la force suffisante des muscles stabilisateurs profonds de votre bassin afin d’éviter les fuites urinaires ou les descentes d’organes. Notons que la plupart des femmes physiquement actives avant la grossesse auront sans s’en rendre compte entrainé ces muscles et pourront sans problème continuer à courir aussi longtemps qu’elles le désirent.
- Finalement, si vous êtes toujours apte à courir, que vous n’avez pas d’inconforts, alors il ne reste qu’à penser à doser l’intensité. Il est important, peu importe l’activité, de respecter une intensité maximal de 16/20 sur l’Échelle de Perception d’effort de Borg échelonnée de 0 à 20, 0 étant aucun effort et 20 étant un effort maximal. Assurez-vous d’être toujours capable de jaser pendant l’effort. C’est l’une des raisons pour laquelle nous ne recommandons pas de participer à des compétitions lors de votre grossesse étant donné qu’un esprit compétitif peut nous pousser à dépasser nos limites. Il vaut mieux s’entraîner de son côté afin de mieux gérer son intensité.
- Au-delà des blessures ou problématiques musculaires et articulaires, il y a peu de dangers pour le fœtus à part l’hyperthermie qu’une grande intensité ou chaleur extérieure pourrait causer. Ainsi, nous ne recommandons pas de courir lors de journée chaude, de s’assurer d’être habillée avec des vêtements respirants, de toujours avoir une bouteille d’eau et de s’assurer de ne pas avoir trop chaud.
Si la course à pied fait déjà partie de votre quotidien, que vous êtes certaine que vos muscles profonds sont suffisamment entrainés et que vous ne ressentez pas d’inconfort, n’hésitez pas à continuer de courir tout en respectant un effort modéré. Si vous avez des inquiétudes, pourquoi ne pas aller consulter une physiothérapeute spécialisée en rééducation périnéale qui pourra évaluer votre musculature profonde et/ou une kinésiologue spécilalisée en périnatalité qui pourra vous accompagner durant la grossesse. Vous et votre bébé pourrez ainsi bénéficier de tous les bienfaits de l’activité physique. À un prochain rendez-vous !