Est-ce que l’acide lactique engendre de la fatigue?

Mis à jour le 18 août 2020. Depuis que je fais du sport, on me parle d’acide lactique. À l’école, je me souviens que nos entraîneurs nous suggéraient de nous étirer afin d’éliminer l’acide lactique dans nos jambes, ce qui préviendrait les courbatures le lendemain. Il faut dire qu’à l’époque je ne connaissais pas encore les courbatures, alors l’acide lactique ne faisait pas parti de mes soucis!

Ce qu’on sait depuis fort longtemps c’est que les muscles isolés qui se contractent jusqu’à la fatigue accumulent deviennent acides ( Fletcher & Hopkins (1907)Meyerhof (1920) et A. V. Hill (1932). Ce qu’on sait aussi, c’est que si on laisse le muscle récupérer et qu’on lui fournit de l’oxygène, la quantité d’acide dans le muscle diminue rapidement. On a donc conclu à l’époque que le manque d’oxygène dans les muscles, l’augmentation de la fatigue et la hausse du niveau d’acide dans le corps étaient des phénomènes reliés (Brooks, 1991Wasserman & McIlroy, 1964).

Acide lactique ou lactate?

Plus récemment, le nom d’acide lactique a été remis en question. La production de lactate ne serait donc plus responsable de l’acidification du muscle. La production d’acide se produirait plus tard dans la chaîne de production d’énergie. La production de lactate et l’acidification du muscle seraient donc deux phénomènes corrélés, mais l’un n’entraîne pas l’autre.

C’est vrai, c’est que plus on augmente l’intensité de l’effort, plus la quantité de lactate dans le sang augmente. Le lactate est une molécule organique produite par les muscles humains lorsqu’ils doivent fournir un effort et qu’il n’y a pas assez d’oxygène pour produire l’énergie de façon  »normale ». Le lactate est produit à partir du glycogène, en absence d’oxygène, c’est pourquoi on nomme ce processus: glycolyse anaérobie (dégradation du glucose sans oxygène).

Lactate et fatigue

la perturbation de l’équilibre acido-basique du muscle squelettique n’est pas un facteur aussi crucial de la fatigue qu’on le suggère souvent, (R.A. Robergs et al).

Il peut y avoir une très grande fatigue musculaire, sans qu’il n’y ait présence d’une concentration élevée de lactate. Par exemple, les personnes atteintes de la maladie de McArdle ne sont pas capables de produire du lactate. Pourtant, ils s’ils font un effort prolongé, ils vont bel et bien se sentir fatigués.

Ce n’est donc pas le lactate qui est la principale cause de la fatigue. En fait, pour bien performer, il est bon d’être capable de produire plus de lactate. Plus un athlète en course à pied a une grande capacité anaérobie, plus il sera capable de produire du lactate en grande quantité (et de l’évacuer rapidement généralement) et plus il sera rapide.

Lactate et courbatures

Le lactate ne cause pas de courbatures. Les courbatures sont causées par des micro-déchirures qui se produisent dans les muscles. Voici 2 preuves:

  1. Après quelle course êtes-vous le plus courbaturé? Un marathon ou une course de 5km? Pour moi, c’est sans aucun doute le marathon. Pourtant lors d’un marathon, la lactatémie est beaucoup moins élevée que lors d’une course de 5km.
  2. Le lendemain d’une course, vous êtes courbaturé. Pourtant, 2h après votre course, la lactatémie est généralement revenue à son niveau normal. Comment expliquer qu’il ne reste plus de lactate et que vous soyez courbaturé?

Lactate et crampes

Oui, il arrive qu’on ait des crampes alors qu’on a un haut taux de lactate dans le sang. Par contre, il est aussi possible de ne pas avoir de crampes avec un haut taux de lactate. Souvent, les crampes musculaires surviennent lors d’épreuves de longue durée, alors qu’il n’y a pas beaucoup plus de lactate dans les muscles qu’au repos.

En résumé, le lactate n’a pas tous les tords qu’on lui donne. Ce n’est pas parce que 2 facteurs sont corrélés qu’il y a un lien de cause à effet entre eux. Par contre, puisque le lactate est corrélé avec d’autres produits métaboliques, l’étude de son accumulation et l’entraînement à différentes vitesses de production de lactate peuvent être bénéfique, c’est ce que nous verrons dans un prochain billet.

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Daniel Riou Directeur général
Directeur général du Groupe Défis, fondateur du Défi Entreprises et co-fondateur d'Altterre. J'adore tout ce qui touche l'activité physique et la santé globale. Détenteur d'un baccalauréat en Kinésiologie de l'Université Laval Diverses formations par La Clinique du Coureur Programme Émergence de l'École d'Entrepreneurship de Beauce Programme National de certification des entraîneurs Niveau 2 en badminton Programme National de certification des entraîneurs Niveau 1 en haltérophilie

10 réflexions au sujet de “Est-ce que l’acide lactique engendre de la fatigue?”

  1. Très intéressant!
    On m’a souvent dit qu’il fallait faire les petites runs de récup. le lendemain des longues sorties justement pour faire circuler l’acide lactique. Si, 2h après la course, la lactatémie est généralement revenue à son niveau normal, qu’est-ce que je fais circuler? … Bon, mon sang, ça je sais… mais pourquoi ces petites runs me font me sentir mieux alors?
    Merci!

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    • Une chose est sûre, tu ne te sens pas mieux parce que tu fais circuler le lactate 😉 Tu te sens peut-être mieux parce que de toute façon on se sent mieux après une course? Mon opinion personnel dirait que tu fais circuler de l’oxygène et que tu aides à faire circuler les petits bouts de muscles déchirés par l’effort. Pas encore exper sur le sujet 🙂

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  2. Bonjour !

    Vous citez R.A. Robergs et al, mais est ce possible d’avoir la référence complète (titre de l’ouvrage ou de l’article etc.) svp ?
    Je prépare un mémoire qui traite en (très petite) partie sur la récupération musculaire et je récolte toutes les références qui peuvent m’aider 🙂

    Merci !

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