« Tu ne devrais pas attaquer du talon » est un mauvais conseil

On vient de terminer de donner les stages d’initiation à la course à pied dans le cadre du Défi Entreprises. Quand je demandais aux gens qu’est-ce qu’une bonne technique de course, systématiquement, j’entendais « ne pas attaquer du talon ».

On pourrait débattre pendant un bout de temps à savoir d’où vient l’attaque talon. Est-elle causée par les chaussures? Par le manque d’entraînement?

Toujours est-il qu’environ 90 % des coureurs ont une attaque talon.

Est-ce que, pour leur rendre service, on devrait suggérer à ces personnes de faire la transition vers une attaque avant-pied? À mon avis, non. En fait, c’est probablement un des pires conseil à donner.

Pourquoi? Voici les 2 raisons principales :

 

1. Risque de blessure

Imaginez si vous passiez du jour au lendemain de courir avec des chaussures à courir pieds nus. Vous voudriez probablement être progressif et effectuer ce changement doucement, sur plusieurs mois. Cela permettrait à votre corps de s’adapter doucement et de diminuer le risque de blessure. Disons que vous courez 4 fois par semaine, il ne vous passerait probablement pas par la tête de faire vos 4 sorties sans chaussures.

Passer d’une attaque talon à une attaque avant-pied est un changement aussi drastique que celui de partir de la course avec chaussures à courir pieds nus. Si vous désirez faire cette transition, il faut que ce soit fait très graduellement, une minute à la fois.

2. La pose du pied est le résultat d’autres facteurs

Il m’arrive très souvent de voir des coureurs avoir une fréquence de foulées basse, avec une attaque avant-pied. C’est toujours spécial à voir…

Le problème avec l’attaque talon, ce n’est pas l’attaque talon elle-même, mais plutôt qu’en général, ceux qui ont une forte attaque talon ont aussi une fréquence de pas basse. Une fréquence de pas basse est reliée à plus d’impact au sol.

Donc si vous désirez aider vos amis à bien courir, évitez de leur suggérer de modifier la pose de leur pied au sol. En fait, l’idéal est de ne pas s’en soucier et de plutôt se concentrer à avoir une fréquence de pas élevée.

 

 

 

 

18 réflexions au sujet de “« Tu ne devrais pas attaquer du talon » est un mauvais conseil”

  1. Ouais je pense que tu mets le doigt dessus. C’est pas tant le talon le problème que la biomécanique qui vient souvent avec. Foulée bruyante et lourde VS foulée légère et plus « précise » ..

    Répondre
        • Je comprends ton raisonnement s’il est appliqué à un cycle arrière (attaque du talon, roulement du pied jusqu’aux orteils). Cependant, une foulée efficace de cycle avant n’a pas besoin d’absorption. Elle permet au corps de se déplacer de façon longitudinale plutôt que verticale. Aussi, une foulée légère de coureur élite peut parfois être beaucoup plus bruyante que les lourds pas d’un débutant mais ce sont des bruits très brefs ne découlant pas d’une inefficacité.

        • Que ce sois de l’avant ou de l’arrière, plus le bruit est important lors de la pose du pied au sol, plus l’impacte est important. Une attaque avant qui fait pas mal de bruit est un impact sur les os avant du pied.

        • En partie vrai: Le bruit est un indicateur de perte d’énergie dissipée dans le sol, la chaussure et le corps. Par contre, certains coureurs peu efficaces ne feront que peu de bruit audible en courant car il sera en partie dissipé dans une semelle très épaisse. Le reste sera amorti par des muscles comme les quadriceps. Il s’agirait dans ce cas d’une foulée très peu efficace mais dont l’énergie perdue sera très peu sonore.

    • Il faut également faire attention a la position de La jambe, la garder en flexion (absorbsion de l’impacte par les muscles) plutôt qu’ en élongation (absorbsion de l’impacte par les articulations). Une foulé courte aide aidera a conserver la posture de la jambe en flexion.

      Répondre
  2. Quand l’on débute à la course à pied, on écoute celui ou celle qui est plus expérimenté. C’est drôle, on ma cassé les oreilles avec ça l’attaque de talon au point que j’ai modifié ma course.

    Et oui, je me retrouve maintenant de zéro blessure à des périostites.

    Avec l’expérience, on apprend de nos erreurs… aussi à ne pas écouter les conseils de coureurs.

    Répondre
    • Un des problème avec les conseils d’amis courreurs est qu’ils répètent ce qu’ils entendent ou lisent sans vérifier l’information qu’ils ont reçu (souvent de bouche à oreilles) donc, pas nécessairement fiable.

      Répondre
  3. Tout système et les modifications qu’on y apporte doivent être évalués de manière hollistique et progressive. La multitude de muscles et leur fibres ainsi que tendons impliqués sont tous affectés par l’intensité, la durée et l’orientation des forces qui varie avec chaque menu changement de patron de course. Qui plus est, le patron idéal (plus faible coût métabolique et impact musculosquelettique) varie selon la morphologie de chacun ainsi que la vitesse désirée. Donc non, l’attaque d’avant pied n’est pas nécessairement un bon conseil dans toutes les circonstances, mais dans bien des cas c’est quelque chose vers lequel on devrait tendre.

    Répondre
  4. Cependant, faire de l’exercice pieds nus (volley de plage, marche, planche à voile, etc.) permet d’augmenter l’efficacité de la foulée, développer une musculature appropriée et entraîner une meilleure proprioception. Rester pieds nus ou en chaussures minimalistes pour une multitude d’activités quotidiennes favorise une correction naturelle de bien des défauts biomécaniques. L’entraînement de course à pied se fait donc doucement toute la journée et non pas seulement quand on enfile ses espadrilles.

    Répondre
  5. L’article ne mentionne pas la fréquence de foulées idéales. Ici et là on peut lire que ce serai 180 pas à la minute.

    Répondre
  6. Pour l’avoir personnellement vécu (changement de foulée talon–>plante du pied, alors que je parcourais un très grand nombre de KM hebdomadairement avec mon attaque du talon), je peux appuyer le risque de blessures à un changement de foulée trop rapide. Parmi ces blessures, je peux nommer avoir eu deux fractures de stress métatarsiennes, notamment.

    Répondre
  7. Je cours depuis cinq ans sans me soucier de la façon dont mon pied se pose. Je cours. Point. On m’a avisée, conseillée. On m’a avertie des risques de blessures….les personnes qui m’ont avertie le plus sont blessées et ne peuvent plus courir…
    Courez. Utilisez votre instinct et sachez arrêter quand votre corps vous le dit.

    Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.