Si l’on prend en considération que les jumeaux/jumelles ont les mêmes gènes, qu’est-ce qui se passe, selon vous, lorsqu’un.e s’entraîne tandis que l’autre non ?
On peut bien s’attendre à des différences physiologiques, telles qu’une prise de poids, une diminution de la masse musculaire ou encore une baisse des capacités cardio-respiratoires.
Une étude réalisée dans une université finlandaise et publiée dans le Scandinavian Journal of Medicine and Science in Sports a analysé 17 paires de jumeaux/jumelles identiques ayant une caractéristique particulière : malgré leur génétique identique, elles n’ont pas les mêmes habitudes en matière d’activité physique.
Le groupe a été divisé en deux sous-groupes : un groupe de jumeaux/jumelles dans la trentaine ayant des habitudes d’activité physique divergentes depuis au moins 3 ans et un groupe de jumeaux/jumelles âgés de 50 à 70 ans ayant des habitudes divergentes depuis au moins 30 ans. En moyenne, les jumeaux actifs s’entraînaient trois fois plus que les jumeaux inactifs.
Les jumeaux/jumelles ont été soumis.es à une série d’examens physiques et les résultats n’ont rien de surprenant :
- Les jumeaux actifs avaient un VO2 max plus élevé (38,6 ml/kg/min contre 33,0 ml/kg/min);
- Les jumeaux actifs avaient une circonférence de taille plus petite (86,4 cm contre 91,4 cm);
- Les jumeaux actifs avaient une masse adipeuse plus faible (19,7 % contre 22,6 %);
- Etc.
On réalise également les différences ne sont pas non marquées. En effet, bien que l’activité physique améliore de nombreux paramètres de la santé générale, la différence relativement modeste entre les jumeaux actifs et inactifs démontre également l’impact des gènes sur les paramètres évalués.
Cependant, une étude menée à l’Université de Californie en 2018 a examiné une seule paire de jumeaux identiques âgés de 52 ans. L’un était marathonien et triathlète ayant couru près de 65 000 km entre 1993 et 2015, tandis que l’autre était un camionneur inactif. Voici les différences constatées :
- Le jumeau actif pesait 22 livres de moins ;
- Le jumeau actif avait une fréquence cardiaque au repos inférieure de 30 % ;
- Le jumeau actif, grâce à une biopsie musculaire, avait 94 % de fibres à contraction lente, tandis que le jumeau inactif n’en avait que 40 % (ce qui représente une différence spectaculaire).
Ce qui est réellement intrigant dans ces études sur les jumeaux/jumelles identiques est la difficulté qu’ont eue les chercheurs à trouver des sujets ayant des modes de vie différents (sédentaire vs actif).
En effet, dans l’étude finlandaise, seulement 17 paires de jumeaux/jumelles identiques sur plus de 1 000 avaient des différences dans leurs habitudes en matière d’activité physique.
La véritable question est donc : « Qu’est-ce qui cause une divergence dans le mode de vie des jumeaux/jumelles identiques ? ».
Dans le cas des jumeaux âgés de 52 ans, le camionneur, qui était actif dans divers sports durant sa jeunesse, s’est simplement blessé à la cheville lorsqu’il était adolescent, ce qui l’a contraint à prendre une pause… une pause qui est devenue définitive.
Dans le cas de l’étude finlandaise, les causes ne sont pas aussi évidentes. Il semble que la pression parentale pendant l’adolescence et l’entrée sur le marché du travail au début de l’âge adulte aient un impact sur la poursuite d’un mode de vie actif pour certaines paires de jumeaux/jumelles identiques. Cet écart se serait réduit pendant la période de parentalité, mais les jumeaux qui étaient actifs avant cette période auraient repris l’entraînement lorsque leurs enfants ont grandi, ce que les jumeaux inactifs n’ont pas été en mesure de faire.
Bref, il semble qu’une personne soit plus encline à maintenir une activité physique quotidienne si cela fait partie de ses habitudes depuis un jeune âge, même en cas de pauses plus ou moins longues.
On comprend donc toute l’importance d’intégrer le mouvement dans notre quotidien et d’inciter les enfants à faire de même.
