Quel pourcentage de l’amélioration est attribuable à la génétique?

Cette question est très délicate, car certaines personnes aiment croire que «quand on veut, on peut». C’est faux, du moins, dans le domaine de la course en endurance. Ce n’est pas tout le monde qui, même avec toute la volonté du monde, a la capacité de courir un marathon en bas de 2h05. Même la capacité de s’améliorer n’est pas égale.

Il faut se rendre à l’évidence, même avec une «technique» parfaite, un entraînement «parfait» et des conditions parfaites, la plupart d’entre-nous n’approcherions même pas ces temps. Pourquoi donc? Est-ce une question de morphologie (en grande partie déterminée de façon génétique) ou bien y a-t-il d’autres facteurs qui font que tous ne s’améliorent pas également?

La génétique est un facteur important

Une étude publiée en 1984 effectuée sur des jumeaux monozygotiques stipule qu’il y a de grandes différences inter-individuelles entre les capacités d’adaptation à l’entraînement des individus. Par contre, cette capacité à répondre à l’entraînement est en grande partie dépendante du génotype.

Mais à quel point la réponse à l’entraînement dépend de la génétique?

L’étude HERITAGE a été pilotée à l’Université Laval et a répondu à plusieurs questions dans le domaine de l’association entre la génétique et l’activité physique. Dans le cadre de cette étude, ils ont évalué 481 individus provenant de 98 familles. Les sujets étaient tous reliés par un lien de parenté (parents-enfants seulement). Les sujets étaient sédentaires et étaient soumis à un protocole d’entraînement de 20 semaines.

Voici deux graphiques intéressants :

Heritage_-_Delta_VO2Max

Dans ce graphique, on voit que l’amélioration des individus à l’entraînement suis une courbe en forme de cloche. La plupart des individus ont une augmentation de leur Vo2Max entre 200ml et 600ml par minute. Notez qu’on exprime souvent le VO2Max en ml par kg par minute, alors que dans cette étude, le VO2 max est mesuré en ml par minute.

Heritage_-_Delta_VO2Max_intra_famille

Dans ce graphique,  Les barres verticales regroupent tous les résultats à l’intérieur d’une même famille. On remarque rapidement que la réponse du VO2 Max à l’entrainement varie beaucoup plus entre les familles qu’à l’intérieur des familles.

À la fin de la période d’entraînement, il y avait 2,5 fois plus de variance dans la réponse à l’entraînement entre les familles qu’à l’intérieur des familles. L’Héritabilité de la réponse du VO2 max à l’entraînement serait d’environ 47%. Ceci signifie que lorsque vous courez, votre niveau d’amélioration est déterminé par votre génétique à 47%… De ce 47%, 28% serait attribuables au matériel génétique de la mère, alors que 19% proviendrait du père.

Trouvez-vous que c’est beaucoup? Peu?

 

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Daniel Riou Directeur général
Directeur général du Groupe Défis, fondateur du Défi Entreprises et co-fondateur d'Altterre. J'adore tout ce qui touche l'activité physique et la santé globale. Détenteur d'un baccalauréat en Kinésiologie de l'Université Laval Diverses formations par La Clinique du Coureur Programme Émergence de l'École d'Entrepreneurship de Beauce Programme National de certification des entraîneurs Niveau 2 en badminton Programme National de certification des entraîneurs Niveau 1 en haltérophilie

11 réflexions au sujet de “Quel pourcentage de l’amélioration est attribuable à la génétique?”

  1. Est-ce que le % de matériel génétique est le même pour un homme et pour une femme. Sachant que l’homme ne reçoit un X de sa mère et le Y de son père?

    Moi je trouve ça beaucoup, j’aimerais qu’il y ait moins d’influence génétique et plus d’influence personnel , mais c’est pas nous qui décidons! 😉

    J’ai lu quelques part que la capacité d’amélioration est à son meilleur lors de l’adolescence , que la génétique pourrait alors avoir un peu moins d’influence ou que nous aurions un peu d’influence sur la génétique lors de cette période.

    Autre réflexion que ça m’amène. Avons-nous une influence sur notre génétique. Si je pousse la machine et que je dépasse mes limites avant d’avoir des enfants, vais-je léguer des gènes plus efficace et espérer changer un héritage génétique après quelques générations?(On jase 😉 ).

    Encore un autre article intéressant!

    Bonne journée!

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    • C’est dommage, mais c’est effectivement beaucoup. Ici, l’étude est sur l’amélioration qu’obtiennent des personnes suite à un entraînement. On ne parle pas de leur niveau de base (prochain article). Effectivement, si un adolescent est sportif, il développe des adaptations qui resteront avec lui toute sa vie.

      Concernant votre réflexion. Nous n’avons aucune influence sur notre génétique. La génétique varie d’elle-même de génération en génération, mais vous n’avez pas d’influence sur votre ADN. Par contre, en plaçant vos enfants dans un milieu favorable à l’activité physique vous maximisez ses facteurs non-génétiques…

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        • En version très sommaire, nos habitudes de vie (exercice, alimentation) peuvent avoir un effet sur notre ADN (inhibitions modulées de la transcription de certains gènes, par exemple, les gènes responsables de la synthèse des lipides endogènes, si on s’intéresse au métabolisme); ces changements peuvent devenir transmissibles aux cellules filles lorsque nos cellules se divisent, c’est ce qu’on appelle l’épigénétique. Une genre d’hérédité entre nos propres cellules, influencée par différents facteurs, différente de l’hérédité entre parents et enfants (quoiqu’il est sans doute possible que ces particularités génétiques se transmettent à l’enfant, je ne sais pas trop).

  2. Est-ce que les jumeaux ont été élevés ensembles? Si oui, cela diminue grandement l’intérêt de l’étude puisque des facteurs confondants (comme la quantité de sport fait plus jeune, la motivation imposé par le milieu, etc.) ont pu jouer.

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    • Salut, dans la première étude, oui, les jumeaux sont élevés ensemble. Sauf que cela ne modifie pas les résultats de la 2e étude et surtout, l’environnement a moins d’importance sur la réponse à l’entraînement que sur le niveau de forme général. C’est vrai que l’idéal aurait été d’évaluer des jumeaux pas élevés ensemble par contre ou même d’avoir un peu de chaque.

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      • La deuxième étude est un peu mieux. Par contre, je suis un scientifique et malgré le fait que je crois à la génétique comme facteur explicatif dans ce cas (on a tous nos biais), l’étude ne me convainc pas. La lecture des études récentes sur l’héritabilité du QI te donnera des pistes presque infinies sur toutes les faiblesses de ces 2 études. Le débat est beaucoup plus viril dans le domaine de l’intelligence puisque cela semble toucher plus les égos (mettons!) et les débats améliorent toujours la qualité de la recherche.

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        • J’apprécie beaucoup votre point de vue et j’apprécie aussi que vous doutiez des études. Quand on est d’accord avec une étude, on a tendance à se laisser convaincre plus facilement.
          Cela dit, il me semble qu’il m’est plus facile de concevoir que l’héritabilité du VO2Max est plus grande que celle du QI, puisqu’on voit que des personnes différentes ont des corps qui sont différents. Ce n’est toutefois qu’une impression et ça pourrait effectivement être le contraire…

        • Non. Il n’y a pas vraiment de raison de penser que le VO2Max soit plus ‘héritable’ que le QI. Une étude pas si récente a, par exemple, montré une corrélation de modérée à forte (.71; donc approx 50% de variance expliquée) entre le QI mesuré par des tests et une mesure de la vitesse de conduction électrique d’un nerf de l’avant bras. Cela semble suggéré que quand on est bien construit (physiquement parlant) on est plus brillant.

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