De mouche à lionne (biographie d’une coureuse)

Lecture de 926 mots (5min30sec)
Les pensées d’une coureuse à travers les décennies …. (insérer ici bonnefemme sourire)

Biographie d’une route de coureuse, partie 2
* Merci Manon Goudreau pour l’idée!
(Dans ce texte, l’emploi du féminin pour désigner des personnes n’a d’autres fins que celle d’alléger le texte.)

La coureuse entre 3 et 7 ans :

Ses pensées courent à la vitesse d’une mouche (la mouche représente l’imagination, l’énergie, la naïveté). Elle souhaite terminer au mieux en première place ou au pire … ne pas terminer dernière. Elle pense à sa mère à son père qui la regarde. Elle a besoin du regard de fierté de celui-ci pour être heureuse et performante. Elle a besoin d’être efficace et intense. Elle se dépasse. Son cœur, son corps et son cerveau sont purs et flambant neufs. Elle n’a pas l’intention d’en prendre conscience avant sa vie d’ado d’adulte. La jeune coureuse de 3 à 7 ans limite ses réflexions à repousser les siennes #limites. Elle court avec une montre GPS un porte-bonheur que sa Grand-mère lui a donné. #secret.

La coureuse entre 8 et 15 ans :

Ses pensées courent à la vitesse d’un renard (le renard représente le camouflage, la ruse). Elle pense qu’elle a raison et que ses parents sont hors piste #métaphoredecourse. Elle sait que le conseil de sa mère lui suggérant de débuter sa course de manière lente est excellent mais elle choisit de défier l’autorité et bafouer la règle. Ses parents sont fiers, mais déçus de toujours faire «sa» job de vider la litière du chat. Elle s’essouffle rapidement et même son petit frère la dépasse. Elle n’a peur de rien mais s’informe sur les techniques pour faire fuir un ours en forêt. Elle achète des gadgets de course sur le web avec son argent fièrement gagné l’argent de ses parents. Elle se procure ce qu’il faut pour impressionner ses amies et surtout Yannick (le plus beau gars de l’école qui vient de liker sa nouvelle photo de profil). Elle court peu mais tout est dans sa story quand elle s’entraine. Elle aime bien mentir :

– J’ai une crampe
– J’ai mal au genou

La coureuse pré-ado de 8 à 15 ans exprime ses réflexions sur snapchat.

La coureuse entre 16 et 25 ans :

Ses pensées courent à la vitesse d’un papillon (le papillon représente la transformation et le changement). Elle court vite et apprivoise les longues distances. Elle court en groupe ou seule. Elle est fière de son dernier statut facebook résultat d’examen. Elle consulte quelques fois un physiothérapeute et donne des conseils à sa petite sœur qui épingle son premier dossard à vie. Elle réfléchit au prénom de son premier enfant pendant une sortie avec ses amies de dix kilomètres #Élodie #Zoé #Daphnée. Sa batterie de cell qui lui sert de lecteur MP3 est toujours entre 3 et 15%. Yannick joue au hockey avec ses chums pendant qu’elle court les rues du village. La coureuse de 16 à 25 ans transforme ses réflexions de chenilles en papillons #deveniradulte.

La coureuse entre 26 et 35 ans :

Ses pensées courent à la vitesse d’une abeille (l’abeille représente le travail, la vertu et la liberté). Elle court pour vivre en parallèle, pour fuir la maison expulser. Elle choisit d’aller courir entre 10 000 activités et responsabilités. Elle court avec la poussette de Zoé (2 ans), qui crie «plus vite maman». La coureuse trentenaire pense à travers les kilomètres au choix de sa première maison, à sa voiture, son budget, à son voyage d’été, sa job, sa liste d’épicerie, sa marge de crédit, au souper chez ses beaux-parents, vider la litière, à sa meilleure amie #peinedamour, sa liste d’écoute musicale à refaire, son chien qu’elle doit faire garder pendant le voyage d’été, son joli collègue Martin, à l’achat d’un nouveau grille-pain à quatre fentes. La fille de 26 à 35 ans regarde ses réflexions courir avec elle en prenant un verre de vin gel.

La coureuse entre 36 et 50 ans :

Ses pensées courent à la vitesse d’une fourmi (la fourmi représente les structures et le dévouement). Elle court pour retrouver la forme. Elle court pour donner l’exemple et prouver qu’elle est encore capable. Elle court avec sourire en connaissant les bienfaits de la sécrétion d’endorphines. Elle l’explique à Zoé (12 ans), qui l’écoute avec un air bizarre en snapchattant une photo de sa mère avec comme titre : «WTF ma mère court pour endorphine … #Kicéça ???» Zoé pense que la course … ça sert à rien sauf si y’a un ours derrière toi.

La coureuse entre 51 et 65 ans :

Ses pensées courent à la vitesse d’un loup (le loup représente le maître, le guide, la famille). Elle court car elle aime courir. Elle aime partir, jouer aux cartes, découvrir, connaître, partager, et réfléchir. Elle a encore beaucoup de projets et de rêves quoiqu’on en pense. Elle réfléchit aux années construites, à l’arbre généalogique juste au dessus de sa tête, entre 2 routes de trail. Son papa lui manque. Ses réflexions sont des métaphores, presque des poèmes. Zoé est fière de sa mère et lui annonce qu’elle sera bientôt grand-maman au troisième kilomètre d’une sortie mère/fille. Ses yeux son plein d’eau derrière ses lunettes de soleil #allergies. La coureuse de 51 à 65 ans aime courir ou marcher simplement et bien entourée #futuregrandmaman.

La coureuse entre 66 et +

Ses pensées courent à la vitesse d’un lion (le lion représente la suprématie). Elle a tout son temps et aime autant la course que le repos. Elle fait la fierté de ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. Ce n’est pas important pour elle de connaître sa vitesse, ni sa fréquence cardiaque. Zoé lui dit souvent de ralentir et de se reposer. Zoé pense à sa mère #lionne en se disant …… Mon plus grand souhait c’est d’être comme elle !

 

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Hugo Clermont
- Pour Tréma marketing; - Coureur passionné, entraineur certifié et 4x marathonien.

19 réflexions au sujet de “De mouche à lionne (biographie d’une coureuse)”

  1. Wow! Très beau texte. On dirait presque que c’est mon histoire. J’ai commencé à courir dans la trentaine; j’aurai 60 ans en août et je cours toujours….comme une louve …. et la louve compte bien devenir une lionne!

    Andrée Fournier

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  2. Tellement vrai ce texte et touchant ! Même ayant commencé la course sur le tard, c’est tout aussi vrai pour les autres sports que l’on pratique à travers notre vie mouvementée et teintée de tous ces passages obligés…
    J’espère continuer de courir et marcher jusqu’à la fin de ma vie…

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  3. Quelle merveilleux texte! C’est un hymne au cheminement, à l’évolution de l’être à travers le regard de la course et de sa représentation dans une vie. J’aurais voulu écrire ces mots 🙂
    J’ai commencé à courir dans la quarantaine avancée…j’ai donc sauté quelques étapes. Toutefois, je me souviens avoir eu un coup de cœur pour cette activité lorsque j’étais ado, dans un cours d’éducation physique (cours que je n’aimais pas tellement…faute de talents sportifs). La course m’a finalement…rattrapée!!

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    • Bonjour Marie-Claude,
      J’ai eu le même rapport avec l’éducation physique et la course quand j’étais ado. Moi aussi, j’ai retrouvé le goût de la courir!
      J’ai bien aimé écrire ce texte avec mon cerveau de femme!

      B Journée
      Hugo

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  4. Superbe texte et tellement vrai pour moi! Cette semaine j’ai « posté » une photo de mes jambes au mur après une longue sortie sur Instagram avec le mot « recharge ». Et ma fille a « liké » ma photo mais en commentant « it’s kinda weird! » Ahah!

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  5. Merveilleux texte d’une grande sensibilité! En plus, j’étais certaine que c’était écrit par une femme, jusqu’à ce que je lise la réponse de Hugo C. comme quoi il l’avait lui-même écrit.
    J’ai commencé à courir à presque 59 ans et 2 ans plus tard, je suis très heureuse d’avoir réussi à « m’accrocher »! La phase 51-65 m’a tellement émue! Mes filles courent avec moi à l’occasion et je sais qu’elles sont bien fières de leur « mom », tout comme je le suis d’elles également. 🙂

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