Au printemps, le coureur est en mode magasinage (shopping, comme diraient les Français), comme un verre de terre sous la pluie! Il essaye et expérimente, il s’aventure et il sort! Il perd 10 ans d’âge mental et il récupère quelques attitudes de sa crise d’adolescence. Il se laisse tenter par une montre, une paire de souliers (de la même couleur que ses lunettes soleil, bien entendu). Il dévore l’asphalte à une vitesse inappropriée, avec un sourire et une envie de se faire voir par son voisin qui arrose à plein jet les centimètres de neige restant de son stationnement (#pasdevie). Le coureur du printemps contourne les flaques d’eau en regardant à gauche et à droite tout en replaçant sa nouvelle paire de lunettes sous son foulard (qu’il a évidemment payé trop cher).
Il aplatit un caca de chien car son regard et sa concentration sont attachés au positionnement des clips de ses lunettes sous le foulard de course. Il traine un peu l’odeur sur 1 à 3 km et écoutant Ed Sheeran.
C’est la saison du saut périlleux par-dessus le nid de poule et celle des trottoirs couverts de « sloche » et de sable. Il zigzag entre les voitures stationnées, sous les rayons du soleil timide mais fier de participer avec assiduité au contrat de fonte des neiges.
Le coureur du printemps ralentit pour traverser un match de hockey d’rue entre voisins. On salue le jeune père de famille qui vient d’avertir les 8 joueurs d’un temps d’arrêt de 30 secondes. Il porte un chandail tricolore de l’ancien numéro 76 et ça te rappelle le printemps 2011 où, toi aussi, t’es devenu fan de Subban, après avoir admiré son premier tour du chapeau avec le CH. Ce coureur printanier, c’est toi ! Ce moment de réflexion t’apporte au 6e km en oubliant ton cardio, ta vitesse et même ton parcours. Tu inspires et tu souris. L’odeur de crotte est partie. Un chien jappe, attaché au dernier poteau de la galerie de la maison de M. Germain (76, rue Leblanc). Synchronicité ? Tu repenses à PK Subban et tu souris pendant 76 secondes.
Le ciel est beau. La neige est sale. Tu te dis que tu aimerais prendre des photos en clignant des yeux.
Dans tes oreilles :
« Photograph » – Ed SheeranWe keep this love in this photograph
We made these memories for ourselves
Where our eyes are never closing
Our hearts were never broken
Times forever frozen still
Tu regardes l’écran de ta montre en te disant que ton tapis roulant ne te manque pas. T’as chaud, même si au départ tu avais froid. Tu continues de courir en retirant une couche, le manteau coupe-vent. Tu inspires et tu es bien – très bien – jusqu’à ce que tu changes de rue. Tu cours en ayant le vent en face et tu te rends compte, agressivement, que ton coupe-vent est maintenant attaché à ta taille. T’as froid mais tu endures le temps que tu tournes le prochain coin de rue. 400 mètres le vent dans face (#inconfort). Tu expires fort (plus de sourire). Tu mets le pied dans un ca_ _ de chien … encore !. Tu expires plus fort encore ! Le printemps devient soudainement moins cute, même le vent dans l’dos avec l’odeur de ce qui est collé sous le soulier gauche. Une voiture sort de son stationnement à reculons sans regarder. Tu cesses brusquement ta course et l’homme dans la trentaine te regarde à peine, un peu gêné. Il repart rapidement sans s’excuser.(#pasdevie) Tu expires.
Il ne fait ni froid, ni chaud au printemps. C’est une saison de transition pour tout le monde.
Ça fait du bien.
Tu crois même y retourner demain. Merci de nous épargner les détails, mais disons qu’à la 42e minutes de course, tu as craché du vert et …il fallait que ça sorte. La guédille printanière! Ça fait du bien. Tu ne lâches pas, comme les Canadiens face aux Sénateurs … Tu ne lâches pas, t’as pas l’droit, comme Rocky face à Drago. Ce matin, tu es bien comme une souris sur une brique de fromage. Tu approches du point de départ ; ta maison. La rue est calme. Tu penses à ton voyage d’été. Tu penses aussi à ton amie qui vient de se séparer, en peine d’amour. L’endorphine court dans ton ombre et c’est un étrange mélange d’émotions qui te ramène à la maison.
Dans tes oreilles :
» Boulevard Of Broken Dreams » – Green day
My shadow’s the only one that walks beside me
My shallow heart’s the only thing that’s beating
Sometimes I wish someone out there will find me
‘Til then I walk alone…
Tu rentres chez toi et ton chat te regarde en s’étirant sur le divan (#pasdevie). On pourrait croire qu’il sourit et qu’il sait que tu as aplati du ca_ _ de chien 2 fois en 30 minutes. Tu inspires et tu expires. Tu regardes ta cadence et tu expires encore en disant «crotte», le patois de ton fils de 5 ans!
* Après la douche, tu invites ton amie à souper.
C’est l’printemps!
Cool ton twxte, ça donne envie de recommencer à courir😀
Ne vous retenez pas!
Je suis une coureur à l’extérieur à l’année mais ton texte est drôlement rafraichissant 😉
Merci 😉
Très beau texte ! C’est comme si on y était 🙂
Je suis une coureuse extérieur à l’année, je vois effectivement cette description chez des coureurs rencontrés ces derniers temps…Rafraîchissant comme texte!!! Un sourire sur le visage tout au long de la lecture. Merci!!! 🙂
Merci. Rien de scientifique. Ce n’est que quelques observations que mon cerveau enregistre.
Tout comme plusieurs autres je suis un coureur extérieur à l’année. La description faite des « coureurs de printemps » représente bien une certaine réalité. Par contre, le commentaire »shopping comme dirait les français » n’apporte aucune valeur au texte et je sais que certains de nos collègues coureurs français n’apprécierons pas. S’en tenir discuter de notre passion, la course, servira beaucoup le but rechercher. Sans rancune.
Merci.
Merci pour ce texte ! Très comique à lire ! Et j’ai même pris le temps de regarder à nouveau le combat de Rocky !!
ah ah ! Et qui a gagné ? ……
Très bon! Sourire aux lèvres tout le long de la lecture.
Merci!
Hugo
J’adore courir à l’extérieur.
Suite à une blessure à la cheville (plaques et vis), je ne cOurs plus l’hiver à l’extérieur. Je viens de reprendre progressivement, quel bien fou.
On oublie à quel point, c’est revigorant.
Le texte est amusant!