Ça arrive à tout le monde

Une phase ou la motivation prend le bord, ça arrive à tous les coureurs, à un moment ou à un autre. J’appelle ça, perdre mon Mojo.

Ça m’est arrivé une couple de fois, depuis que j’ai commencé à courir en 2013, pis dans ce temps-là, je fais un petit retour aux sources : je revois mes objectifs à la baisse, cette semaine-là, je droppe la montre, pis je sors courir en gang. Ne jamais sous-estimer la force du groupe, dans une quête de rattrapage de Mojo.

Mais là, ça dure pas depuis une semaine, ni deux, mais bien depuis plusieurs semaines; j’oserais même écrire quelques mois. Ben coudonc, quessé que j’y ai fait, à mon Mojo, pour qu’il parte refaire sa vie à Hawai? L’histoire le dit pas, mais y reste que j’ai du pain sur la planche pas mal, pour réussir à le reconquérir.

J’ai commencé par les trucs que je connaissais, mais force est d’admettre que ça marche pas. Je continue à m’enfoncer. Je mets ça sur le dos de l’hiver, sur le dos de la vie, qui file si vite qu’on arrive à dix heures le soir, sans avoir eu le temps d’enfiler ses leggings. Je mets ça sur le dos de la bouffe, qui me donne pas assez de gaz, du soleil qui est pas assez là longtemps, du frette, comme si j’avais pas ce qu’il faut pour courir à -10. Rien n’y fait, mon Mojo veut pus rien savoir de moi!

Même que ça empire, mon affaire : j’ai renoué avec mon divan pis les séries télé en grande quantité. Sans parler de la grignotine de fin de soirée.

Mais là, ça va faire! Je m’ennuie de mon Mojo. Sa présence me manque, sa douce présence qui réchauffe les froids sibériens, aussi. J’ai l’impression de m’être chicanée avec ma meilleure amie à cause de lui. J’ai l’impression que la course et moi, on se boude parce qu’on tente de cruiser le même gars.

Fait que, n’écoutant que mon courage, j’ai décidé que je laisserais pas mon Mojo volage se mettre entre la course pis moi, pis j’ai repris tout à la base. De toutes façons, tu vas me dire que depuis le temps que je niaise, j’aurai pas ben ben le choix de faire table rase, pis tu vas avoir raison. Mais ya du bon, de devoir reprendre par la base, quand t’es une parano de la blessure : tu respectes scrupuleusement le plan.

J’ai révisé mes attentes. Non pas seulement pour une semaine, mais pour la saison au complet. Oui, je suis capable de m’entrainer pour un demi. Mais j’en ai tu vraiment envie? C’est tu à moi, que je veux prouver que je suis capable de le faire, ou à mon voisin qui progresse mille fois plus vite que moi? La réalité de ma copine, c’est tu la même que la mienne?

Pour moi, la solution a été de tout simplement tout scrapper. Oui, oui, tu lis bien : je ne suis inscrite à aucune course, cette saison. Je serai bénévole à une couple d’événements, mais si j’en cours un, ce sera décidé à la dernière minute.

J’ai ressorti mon tant détesté programme de fractionnés. « Mais si tu le détestes autant, Michèle, pourquoi le fais-tu? ». Tout simplement parce que je lui fais confiance. Je sette mes intervalles sur ma montre, je pars la musique, pis je cours au rythme des bips, that’s it.

J’ai arrêté de synchroniser ma sortie sur Strava dès que j’arrivais à portée de Wifi. Je me suis rendu compte que j’avais honte de m’être laissée aller, d’avoir perdu de la vitesse, de l’endurance. Je me trouvais poche, que mes distances se soient divisées par trois. Pour une fille qui a l’habitude de faire plusieurs sorties de plus d’une dizaine de kilomètres par semaine, mettons qu’une sortie de fractionnés de 3.8 km, ça fesse un peu dans le dash.

Pis je me suis rendu compte que ça me décourageait, d’avoir honte de mes performances. Mais comme c’est important pour moi de garder des archives de mes entrainements, cesser de les compiler sur Strava n’était pas une option. Ça fait que j’ai découvert que le feeling pas le fun se diluait, quand je les synchronisais en batchs. Je le fais maintenant juste une fois par semaine, ou deux!

Je me suis trouvé une partenaire qui stresse pas trop avec sa patente, mais qui est assidue : moi. Je redécouvre le plaisir de courir seule, je chasse l’anxiété à coup de foulées magiques et au fil des tounes, ma BFF et moi, on réapprend à vivre ensemble. On a brisé quelque chose, en se battant pour le Mojo, mais en se donnant le temps, on va réussir à réparer notre relation, j’en suis certaine.

Mon Mojo est parti, c’est bien vrai, mais les p’tits papillons pour mon sport adoré sont encore là. J’ai encore les yeux qui pétillent, quand je passe à coté de coureurs, et le désir de me dépasser est toujours en moi. En attendant de retrouver ma prochaine motivation, je me laisse guider par les endorphines, tentant de carpe diemmer mon parcours de coureuse. Parce qu’à la base, Mojo ou pas, c’est pour moi que je fais tout ça!

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Michèle Tousignant
Blogueuse / Je vous partagerai ici les textes que je publie en lien avec la blogosphère parentale! / Coureuse / Facebook Michèle Tousignant

9 réflexions au sujet de “Ça arrive à tout le monde”

  1. J’ai commencé à courir en 1973 parce que j’étais un joueur de ligne au football, mais je voulais être rapide, pas juste gros. Et le football s’est arrêté. J’ai voulu être mois gros, j’ai couru plus longtemps, plus souvent, pour accomplir des marathons sous les trois heures (pas de montres, pas de Gatorade, pas de médailles à toutes les courses, juste avoir du fun) puis les enfants sont venus, la course s’est mise en cinquième plan, juste pour en faire assez pour savoir que l’on est capable de courir, puis les enfants sont partis, les performances sont du passé, un demi marathon c’est bien assez, mais j’ai continué en me disant que j’aime mieux courir que d’attendre à l’urgence. Et que de toute façon, à tous les matins que je cours, il y a au moins 7 millions de personnes au Québec qui ne le fait pas. Je peux mourir d’un cancer comme n’importe qui, d’une crise cardiaque, mais j’ai toujours l’énergie d’entreprendre tout ce que je veux. Et quand mon docteur me soigne, il ne s’agit jamais d’un malade, mais d’un blessé,et c’est là que ca me motive …..
    Continuez de courir, juste entendre les outardes le matin, voir les lièvres courir, sentir le printemps s’installer, on parlera de Garmin aprés….

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  2. J’ai vécu la même chose l’an dernier et j’ai pris la décision de ne pas faire de compétition. Ça fait réellement beaucoup de bien d’avoir une saison sans horaire d’entraînement! Ouf! Oh que oui ça fait du bien! J’ai continué de courir bien sur, mais j’ai aussi fait du vélo, du patin et beaucoup de randonnée en montagne! Oui! Ça fait du bien d’arrêter une saison! Cette année, je vais courir un demi et c’est suffisant. Et je vais le courir avec une copine qui s’entraîne seulement depuis l’automne dernier. Oui! Nous allons courir un demi au mois d’octobre et c’est très bien comme ça! Pas de pression, pas de chrono! Je te souhaite bonne chance pour retrouver ton Mojo! Mais soit assurée que d’arrêter une saison ce n’est pas la fin du monde… AU CONTRAIRE! J’ai pu faire plein d’activités que j’avais délaissé pour les entrainements de course. C’est mon mental qui en est ressorti GAGNANT! Bonne chance!

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  3. Merci de me faire voir que je ne suis pas la seule dans ce bateau. J’étais tellement rendu au bout que c’est des capsulite aux epaules qui m’ont arrêter complètement . Moi aussi J’ai repris à la base avec les intervalles et sortie moins longues. Et j’en manque pas une. Et la quand je fini un programme, je prend une une pause. Ca fait du bien de se permettre cette pause. Pi la prochaine course officiel elle viendra quand elle viendra!

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  4. Bonsoir Michèle, j’adore votre façon d’écrire..Je coure aussi un peu, environ 50 km par semaine…Mais vous les canadiens vous avez une autre culture de la course à pied…Et ça me plait beaucoup…Merci.

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  5. Ouff!! Un récit qui tombe à point! Mon 70.3 principal est dans 8 semaines et je manque de motivation…Merci pour ce texte, ça motive de savoir que je ne suis pas le seul à ressentir ça.

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