Le sport nuisait à MA santé (témoignage)

Lecture de 793 mots (4min45sec)
Oui, le sport a nuit à ma santé …

Définition. Équilibre: nom masculin / Juste proportion entre des choses opposées ; état de stabilité ou d’harmonie qui en résulte. Faire, rétablir l’équilibre, rendre les choses égales. Harmonie entre les tendances psychiques qui se traduit par une activité, une adaptation considérée comme normale.

Je ne vous parlerai pas d’équilibre physique ni de posture.

On parle souvent d’équilibre mental, d’essayer de trouver un juste milieu, savoir doser. Dans l’activité physique, c’est la même chose mais personne n’y pense, ou presque.

Pourtant, c’est si facile de tomber de l’autre coté ; l’overtraining, le surentrainement, ou overT pour les intimes.

J’ai 35 ans, pas d’enfants. Je m’occupe de moi, point. Il fait beau, je sors dehors… Je suis une fille qui aime la solitude, ou plutôt, j’ai créé malgré moi cette solitude. Il ne fait pas beau, pas grave, je sors dehors. J’ai fais un p’tit 5km ce matin, bahhh aweille un autre p’tit 5 en pm et un peu de muscu au gym. J’enchaîne un peu de vélo le matin et un peu de course le soir mais tout va bien, je suis en forme. Je suis fière de moi car mon journal de bord (oui je note tout ce que je fais) est très barbouillé. Il n’y a plus trop de place. Pas une journée de repos. Je vis dans un monde où le repos n’existe pas. WOW. J’me trouve bonne. (bin oui, bravo la grande).

Je regarde les athlètes, les ultras runners, ces gens qui courent des distances impossibles. Je regarde aussi des documentaires ; ceux qui font 400 ou 500km en 5-6 en total autonomie… Je suis tout ce beau monde, sur les «zinternets» et j’me dis que si eux le font, pourquoi pas moi? Donc mes semaines se résument à dodo-boulot-cardio. Le cardio c’est 3-4-5 heures par jours, rien de moins (malgré mon travail à temps plein). Je saigne du nez et des oreilles, mais c’est parce que l’air est sec. (sûrement…) Je dors un peu partout, je suis fatiguée, je mange moins, même si je pouvais brûler 3000-4000 calories. J’ai mal partout, j’ai des troubles d’humeur et je suis très irritable. Je récupère très difficilement de la veille. CE N’ÉTAIT jamais assez. Même «TROP» n’était pas assez … Bref, je ne vois rien ou je ne veux rien voir … J’me disais : je fais du sport, je suis en forme et j’ai un bon mode de vie, je ne peux pas être malade. J’ai sûrement attrapé quelque chose.

Oui, j’ai googlé mes symptômes et plusieurs choix s’offraient à moi; hypothyroïdie, problème au foie, problèmes de digestions, dépression bla bla bla… Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Pis un moment donné on me dit «Marie, tu en fais peut-être trop t’sais.» PFFFF HEILLE. No way que j’aille voir un Doc!

Inconsciemment je pense que je le savais que c’était un surentraînement. Je suis dépendante d’aller dehors. Si je n’y vais pas, c’est l’horreur. Je ne voulais pas le voir tout simplement car j’allais devoir diminuer mes fréquences de training et faire des trous dans mon journal de bord. FUCK.

OUI, trop faire de sport peut NUIRE à la santé, c’est prouvé. Je ne parle pas des joggeurs du dimanche, je parle ici des sportifs excessifs, ceux qui sont bigorexiques, comme MOI. La bigorexie, est une addiction à l’activité physique qui concerne les personnes devenues dépendantes à la suite d’une pratique excessive du sport. Les personnes souffrant de bigorexie ne sont pas bien si elles ne font pas de sport tous les jours. Elles organisent leurs journées autour de l’activité sportive et sont souvent obsédées par leurs performances et leur poids. À vouloir trop en faire, j’ai mis ma santé en péril et surtout j’ai négligé une bonne partie des autres sphères de ma vie.

Comment ai-je découvert que j’en souffrais ?

Un peu gênant à raconter. C’est en regardant un reportage au Canal Vie. Ce reportage portait sur les gens qui sont obsédés par l’activité physique. Ce soir la, j’ai eu un peu peur, car je me suis reconnue à la télévision. J’étais dans le déni et j’suis allé courir 21,1 km. (ah bin bravo encore…) Prise dans un élan de panique et d’anxiété++, j’ai visité mon médecin de famille. J’ai discuté de mes symptômes et de ma découverte au Canal Vie. Ses propos m’ont bousculé. «Voyons Marie, tu viens juste de t’en rendre compte?» Croyant qu’il m’enverrait à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, il m’a gentiment conseillé de consulter ….un psychologue. (bon, je suis folle maintenant)

Avec du recul, avoir recours à un professionnel était la meilleure solution. Je vous épargne les détails, mais sous cette dépendance aux sports, se cachaient pas mal de p’tits bobos, de plaies. J’ai appris que l’équilibre ultime n’existe pas.

Il y a plusieurs façons d’atteindre l’équilibre dans la vie. L’une d’elles, selon moi, c’est de développer plusieurs sphères d’intérêt au cours de notre vie. La sphère personnelle, interpersonnelle, sportive, de la santé, créative, professionnelle, sociale, etc. Des gens vont préférer se concentrer sur 2 ou 3 sphères à la fois, et d’autres, plus. L’important c’est de ne pas mettre toutes ses énergies sur la même sphère, longtemps.

C’est avec une méga prise de conscience que j’ai essayé de doser, me modérer, de me «slaquer», comme on dit. Non ce n’est pas facile. Même encore aujourd’hui je dois me raisonner. Oui c’est super d’aimer bouger mais il faut savoir trouver LE juste milieu. Il faut être à l’écoute de soi et PRENDRE DES PAUSES. Notre corps nous parle, il suffit d’être attentif au moindre signal. Je m’accorde maintenant deux jours de repos par semaine, je cuisine, je lis, je sors avec mes amis et je médite. J’ai compris que d’être toujours à fond, de s’étourdir, ne donne absolument rien. Bien sûr j’ai encore des plans de licornes et je fais encore des excès à l’occasion car je suis loin d’être guérie 😉 mais au moins je suis consciente de ce que je fais, ce qui n’était pas le cas auparavant…

Je pense que j’ai plus gagné que perdu avec le sport. Je pense aussi que l’activité physique apporte beaucoup, beaucoup plus de bienfaits chez l’humain que de facteurs toxiques. Mais moi, Marie-Ève, ça m’a rendu malade et j’en suis maintenant consciente.

À lire : Bigorexie, lorsque le sport devient addiction

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Tu cours parce que … Texte de Hugo Clermont (2018)

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Marie-Ève Harvey
- 35 ans; - Métier: gérante d'hébergement au HI la Malbaie; - Formations: infirmière; - Passions: le plein air, la photo ,les voyages, la cuisine; - Expériences de course: j'ai commencé à courir a l'âge de 11 ans. Je n'ai jamais arrêté et je préfère courir en montagne.

19 réflexions au sujet de “Le sport nuisait à MA santé (témoignage)”

  1. Au final avoir plusieurs addictions bien distinctes (addiction course à pied et addiction vélo au fond c’est le même domaine, en revanche sport et littérature sont bien séparés -encore que je me suis pris à écouter des livres lus pendant des séances de course 😉 ) est probablement la meilleure piste.
    « Se raisonner » : pas facile comme tu le dis, même si tu arrives à comprendre pourquoi tu ne peux te passer de sport (ex. pour moi, culpabilité et image vis-à-vis de moi !).
    Bon courage pour la suite

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  2. Très beau témoignage Marie-Ève! Plusieurs devraient se reconnaître là-dedans. De mon côté, je suis mal si je ne bouge pas à chaque jour. Par contre, les durées sont raisonnables. Je me souviens avoir abandonné le triathlon parce que j’étais excessif et que je pouvais faire trois entraînements par jour. J’ai gardé la course à pied, mon premier amour. Depuis 4 ans, j’ai ajouté la musculation, en complément seulement.

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  3. Très bon texte… qui fait réfléchir certes!!
    Je prends conscience que mon horaire est très chargée côté entraînement, tous les jours, plus d’une fois par jour et dans plusieurs disciplines… Je crois qu’une réflexion sur les motifs et objectifs de ce rythme de vie est requise!!!
    Je suis tombée sur ton texte et je crois qu’il n’y a rien qui arrive pour rien. 😀
    Encore merci!!

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    • Bonjour Cathy, merci pour ton commentaire. Si je peux aider une personne a faire une prise de conscience alors j’aurai réussi. Bonne chance à toi aussi pour la suite .

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  4. Wow!!!! Quel beau texte Marie-Eve. On sent très bien que ça vient du fond du coeur. Je dis souvent à mes patients: « Où s’arrête la passion et où commence l’obsession? »….ce n’est pas toujours facile à dire. Félicitations et merci pour ce témoignage.

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    • Bonjour Bernard , merci pour votre commentaire. Effectivement la ligne peut être très mince entre la passion et l’obsession. Pas toujours évidant d’y voir clair mais écrire ce texte m’a fait comprendre bien des choses.

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  5. Très beau texte! J’aime bien les petites touches d’ironie! L’équilibre dans la vie c’est le secret, je donne souvent l’exemple du mobile que l’on accroche au lit des petits bébés. On peut imaginé 6 petites sphère (famille,travaille,amis,nous meme,etc) . L’important c’est de toujours chercher a garder notre mobile de niveau, ne pas trop en mettre dans la même sphère, si on veut on peut faire des mutis mobile ; exemple la sphere moi peut etre un sous-mobile qui lui a un sous-mobile sport ( cardio,musculation,repos, etc.). L’IMPORTANT QU’IL SOIT LE PLUS POSSIBLE EN ÉQUILIBRE..

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    • Merci beaucoup. Oui ton exemple est super, il est important que le mobile soit en équilibre le plus possible sinon, ça dérègle tout….

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  6. Bravo Marie-Ève pour ta prise de conscience …et pour ton beau partage dans cet article ; ça en sensibilisera sûrement plusieurs qui , comme toi , se mettront à la recherche du juste milieu…vivront mieux…plus longtemps…Bons succès dans ta démarche !

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  7. Ma belle amie! On a tous plein de bobos… moi la première. L’important est de les accepter et des les guérir.
    Je t’aime dans tes excès…
    Reste forte, parce que je sais que tu l’es!

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