Quand science rime avec bon sens

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La directrice de la boutique du 
Coin des coureurs de mon quartier* a récemment eu la gentillesse de m’inviter afin que je puisse discuter, le temps de quelques minutes, avec les membres de son club de course. Le sujet? Une séance d’entraînement sur piste que des amis et moi tenons chaque semaine. Cette rencontre qui devait durer environ 10 minutes s’est prolongée, les questions fusant de toutes parts. Si d’abord on s’est attardé aux bénéfices de la course sur piste, rapidement la discussion a bifurqué vers l’alimentation, l’hydratation, les techniques d’entraînement… Ce qui m’a frappé, c’est cette quête d’une réponse précise, cette volonté de savoir exactement comment parvenir à ses fins, et cet espoir que la réponse révèle des données quantifiables.

  • Quelle quantité d’eau devrais-je boire avant un demi-marathon?
  • Que devrais-je manger précisément la soirée qui précède un marathon?
  • Deviendrai-je plus rapide grâce aux intervalles sur piste ou en montée?

Dans le doute, le réflexe de bien des gens est d’avoir recours à la science. Mais si la science est source de bien des éclairements, elle présente également certains accrocs, du moins pour les non-scientifiques : elle est dense, parfois difficilement accessible ou compréhensible et, surtout, elle évolue constamment. C’est donc dire que ce qui est pertinent aujourd’hui risque fort de ne plus l’être, ou du moins d’être altéré, dans les prochaines années. Si l’être humain ne dispose pas du temps et des connaissances nécessaires pour assimiler tout ce que la science met en lumière, il possède toutefois un outil qui peut lui indiquer, en temps réel, ses besoins : son corps.

Boire ou ne pas boire, telle est la question

Pendant longtemps, il était entendu dans la communauté scientifique que la déshydratation nuisait à la performance. Des études appuyaient cette théorie. Puis d’autres études ont démontré le contraire, et des chercheurs de renom comme Tim Noakes se sont ajoutés au débat. En janvier 2019, Alex Hutchinson rédigeait un article intitulé « La meilleure stratégie d’hydratation consiste à boire quand on a soif » (traduction libre). La réponse d’Hutchinson à la question « Combien de fluides devrait-on ingérer lors de l’activité physique? » est de celles qui ne plaisent à personne. « Ça dépend. » Ça dépend si vous transpirez abondamment, si l’ingestion de fluides vous cause des maux de ventre, si l’hydratation est également une façon de consommer des calories, si vous ressentez la soif… Bref, votre corps, ou les réactions de votre corps, indique bien souvent quoi faire.

Trouver chaussure à son pied

Au fil des années, les chaussures ont beaucoup évolué, parfois avec comme objectif la réduction des blessures, parfois à de simples fins publicitaires. En 2008, un physicien australien, Craig Richards, affirmait qu’aucune preuve n’appuyait que la chaussure moderne prévenait les blessures. En 2009, le livre Born to Run donnait de l’élan au minimalisme et, soudain, les Vibram FiveFingers gagnaient en popularité. Puis ce fut le maximalisme et Hoka, le « zero-drop » et Altra, le Nike Vaporfly avec sa plaque en fibre de carbone, et j’en passe… Récemment, le physiothérapeute Chris Napier, de l’Université de la Colombie-Britannique, concluait qu’en termes de prévention des blessures, le confort de la chaussure était l’élément le plus important à prendre en compte. Il conseille de se rendre en magasin, d’essayer plusieurs chaussures et de choisir celle qui offre la sensation la plus agréable. Encore une fois, notre corps offrirait, intuitivement, la réponse.

Conclusion

Loin de moi l’idée de vous conseiller d’ignorer la science, au contraire! Des études éclairantes relatives à la course à pied sont publiées chaque année, et le domaine ne cesse d’évoluer. La science offre des pistes vers la réussite, que vous visiez à soigner une blessure, à augmenter votre volume ou à courir un peu plus rapidement. Mais je crois tout de même que l’écoute de son corps demeure à la base d’une saine pratique de la course à pied. Seul le corps peut fournir les signaux de la soif, de la faim, de la fatigue… Et vous seul pouvez décider si vous respecterez ces signaux ou les ignorerez.

Bonne course!

*Je n’ai aucune affiliation avec le Coin des coureurs.

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Benoit Gignac
J’ai commencé à courir après avoir déménagé en Colombie-Britannique, et depuis la course fait partie intégrante de ma vie, que ce soit comme coureur en sentier et sur route, entraîneur, membre d’un club ou d’un comité organisateur, bénévole, etc. Formations : Fitness Instructor and Personal Trainer Certification par Canadian Fitness Education Services; Baccalauréat multidisciplinaire en rédaction professionnelle, lettres et langue française et enseignement du français comme langue seconde (Université Laval et Université de Sherbrooke) - Passions : Course à pied, ski de fond, photographie, voyage; - Expérience de course : Deux fois membre de l'équipe canadienne de course en montagne (2015-2016). Vous pouvez trouver Benoit sur Facebook en cliquant ici

5 réflexions au sujet de “Quand science rime avec bon sens”

  1. Le lien pour l’hydratation nous apporte a un text sur les chaussures. Est il possible d’avoir le bon lien pour le texte sur l’hydratation? Merci

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  2. Pour la chaussure, si on est pronateur, je pense que la chaussure standard confortable peut accélérer une blessure et une usure anormale.
    Pour les pronateurs, à mon avis il faut la chaussure offrant un support étudié pour aider et de plus être également confortable.
    Qu’en pensez vous?

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    • Bonjour Pierre,
      Je sais que certains apportent beaucoup d’importance à la pronation, alors que d’autres rejettent l’idée. De mon côté, je préfère les souliers neutres, avec suffisamment d’espace pour les orteils. Si de votre côté, une chaussure avec soutien se révèle confortable, et que vous ne vous blessez pas, ou très rarement, c’est un bon signe que vous portez ce qui vous convient.

      Bonne course,
      Benoît

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  3. Salut Benoit,
    J’aime. Pour simplifier le processus de réflexion on pourrait dire que l’homme complexifie, intellectualise… puis les influences commerciales renchérissent … on réalise ensuite qu’on s’est trompé par la démonstration scientifique rigoureuse… Ce qui nous amène à revenir à la simplicité (ce que la nature avait prévue) .
    L’hydratation est le meilleur exemple de ça : Nutritionniste = faut boire avant d’avoir soif / Gatorade / quelques morts / Consensus d’expert de Hew-Butler / finalement boire à sa soif ………..
    Pour la chaussure choisir ses chaussures selon le confort ne ferme pas la boucle ! (d’ailleurs la science est inexistante sur le sujet… 1 seule étude, mauvaise en plus). 90% des chaussure sur le marché sont des grosses godasses… et quand tu choisis selon le confort à travers des grosses godasses qui sont devenues la norme en lien avec les influences commerciales, t’es encore à l’étape de croire que le Gatorade va t’aider pour performer et pas cramper 🙂

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    • Salut Blaise,
      Je ne m’aventurerai pas sur le terrain glissant du choix des chaussures avec toi, tu es un scientifique, je suis traducteur/rédacteur 😉 Je crois qu’au bout du compte, ce que j’essayais d’exprimer, c’est qu’en écoutant les signaux que nous envoie notre corps, ça peut déjà nous guider dans certaines décisions. Et que certaines études vont dans le même sens. Je me souviens d’avoir entendu un scientifique ou un coach dire de Kipchoge « Il n’y a à peu près rien à corriger, il a tout saisi lui-même, naturellement. »
      Au plaisir,

      Benoît

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