Suite à mon dernier article, vous avez peut-être été convaincu que l’entraînement par intervalles est la meilleure forme d’entraînement qui existe. Je dirais que pour améliorer le VO2 max, effectivement, c’est probablement la meilleure méthode. Par contre, aux Olympiques et dans les livres de records, personne, ou presque, ne s’intéresse au détenteur du record du VO2 max le plus élevé. La plupart d’entre-nous nous intéressons plutôt à améliorer nos temps de course que notre VO2 max.
Le VO2 max est un des déterminant de la performance. Sans un VO2 max élevé, il est pratiquement impossible de devenir un athlète de haut niveau. Par contre, un VO2 max élevé ne garantit pas le succès dans les sports d’endurance. D’autres paramètres entrent en ligne de compte : l’endurance et l’économie de course.
Si vous voulez un résumé rapide : la plupart des types d’entraînement ont été essayés et tout fonctionne relativement bien. Effectivement, si on considère que les humains s’entraînent depuis plus d’un siècle pour améliorer leurs performances en course à pied, que différents systèmes ont été essayés et que des bons coureurs ont été entraînés dans les différents systèmes, on comprend tout de suite qu’il n’y a pas de meilleur type d’entraînement. Probablement qu’une partie du succès d’un entraîneur est d’adapter l’entraînement à chaque athlète en fonction de ce qui fonctionne le mieux pour lui.
Toujours est-il que j’ai récemment lu un des meilleurs papiers scientifiques, celui de P. B. Laursen : Training for intense exercise performance: high-intensity or high-volume training?
Voici quelques extraits intéressants qu’on peut retrouver dans le papier :
- L’influence marquée de l’entraînement de haute intensité sur la performance et les facteurs physiologiques est bien connue (Laursen & Jenkins, 2002), mais les capacités des athlètes à s’entraîner de cette façon est limitée (Billat et al., 1999).
- Chez des athlètes entraînés qui font un haut volume d’entraînement, ajouter de l’entraînement par intervalles semble extrêmement efficace.
- Ces études (Iaia et al., 2009 et Iaia et al., 2008) indiquent que 4 semaines d’entraînement à faible volume et haute intensité en remplacement d’un entraînement à faible intensité et haut volume peut permettre d’améliorer les performances.
- Il est estimé que des athlètes de très haut niveau performent à 75 % de leur volume d’entraînement à des intensités beaucoup plus faible que l’intensité de compétition (Seiler & Kjerland, 2006).
- Par rapport au nombre d’études qui démontrent des améliorations avec l’entraînement par intervalles, il y a relativement peu d’études qui documentent l’amélioration des performances avec une augmentation du volume d’entraînement (Costill et al., 1991). Cela serait dû au fait que les améliorations reliées au volume d’entraînement se produisent lentement, ce qui fait qu’il est difficile pour les chercheurs de les observer.
En résumé, la science nous dit qu’il serait probablement intéressant de faire vraiment beaucoup d’intervalles. De l’autre côté, les entraineurs et les athlètes des 100 dernières années ont démontré que le corps a besoin d’un mélange de volume et d’intensité pour être performant. Voici les différentes possibilités d’analyses qui existent :
- Les athlètes s’entraînent mal et amélioreraient leurs performances s’ils faisaient plus d’intervalles?
- Les améliorations dues au volume arrivent sur plus long terme et sont difficiles à mesurer?
- Les améliorations dues au volume d’entraînement sont encore mal comprises d’un point de vue physiologique?
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Toujours très pertinent. Il est intéressant de noter aussi que la plupart des coureurs de fond de haut niveau font du haut volume à faible intensité. Courir lentement pour courir plus vite…
ils font aussi des séances à intensité élevée au travers leur volume à intensité plus faible, ce qui est justement décrit dans l’article.
Les marathoniens élites ont un volume d’entraînement hallucinant. Reid Coolseat a couru 831 km en octobre dernier et il restait encore un journée au mois. (Voir son blogue)
Sur 30 jours, 7 jours sur 7, ça fait 27,7 km par jour. On parle vraiment de volume ici.
Ma question est, avec un tel volume, est-il à seulement possible d’intégrer de l’entraînement par intervalles ? Et si oui, comment gère-t-il cela ? Comment arrive-t-il a se reposer adéquatement ? À quoi ressemble son plan d’entraînement global ?
Je ne peux pas répondre pour tous les coureurs de haut niveau, mais je suis aller voir le Strava de Reid et oui, il a bel et bien fait des intervalles en novembre dernier : https://www.strava.com/pros/7029099#interval?interval=201645&interval_type=week&chart_type=miles&year_offset=0
Impressionnant à tout le moins…
Excellent article; bravo !
A ce sujet, voir cette fiche sur l’entraînement polarisé, truc en vogue depuis peu : https://nature-humaine.ca/2016/06/entrainement-polarise-mieux/
Guy Thibault, Ph.D.
Très bon article, merci!
En quoi c’est un truc en vogue cet entrainement polarisé? Les coureurs de haut niveau ne font pas tous à peu près ça: 70-80% de volume et un ~20-30% d’intensité? Le nouveau serait l’absence de tempo? « l’entraînement à des intensités proches du seuil anaérobie (ESA), »
Merci pour l’article!